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07/01/2012

2012, ANNEE ELECTORALE

Editorial

 2012 est une année électorale, certes ! Espérons qu’elle soit également celle du courage et d’une certaine sérénité !

Jamais plus qu’en ce début d’année, il n’est en effet apparu aussi souhaitable que la notion d’intérêt général préside à nos débats et à nos choix politiques.

Force est de constater, hélas, que globalement le début de la  campagne électorale ne se caractérise pas par ce souci premier.

Trop souvent l’anathème, l’invective et les petites phrases assassines semblent être les attitudes préférées de la plupart des femmes et des hommes politiques, si ce n’est de la plupart des candidats et candidates à l’élection présidentielle.

Le clan contre clan a été condamné, à juste titre d’ailleurs, par François Bayrou, et ce, depuis longtemps, puisqu’il défendait déjà ce thème lors de l’élection présidentielle de 2007.

Mais dans le même temps, force est de constater que nombre d’entre ceux qui dénoncent le clan contre clan ou, ce qui revient au même, le camp contre camp, et je suis d’accord avec cette idée, ne vont pas jusqu’au bout de l’analyse et se contentent de préconiser en définitive d’en finir avec l’alternance entre deux camps, l’un de droite, dominé par l’UMP et l’autre de gauche, dominé par le PS. Ce faisant, ils en appellent à une autre majorité, centrale celle-là, qui viendrait se substituer aux deux majorités alternatives que nous connaissons aujourd’hui en France entre la gauche et la droite.

Pour d’autres, situés à l’extrême droite, il faut en finir avec l’UMPS. Là, on dénonce purement et simplement, comme disent les partisans de cette thèse, les tenants du système et cela les conduit à rejeter dans un même opprobre tous ceux qui ont alternativement gouverné notre pays depuis le début de la Vème République. Cela s’apparente aux vieilles formules du « Tous pourris » ou du « Sortez les sortants ».

Il est évident qu’un tel positionnement va au-delà de la dénonciation du clan contre clan, car il conduit lui-même à privilégier un autre clan, un clan tenu à l’extérieur du « système » du fait, d’une part, d’une loi électorale qui ne favorise pas le pluralisme et, d’autre part, des positions souvent extrémistes défendues par les tenants de cette thèse.

D’autres encore, à l’extrême gauche ou du côté de certains écologistes que je qualifierai volontiers d’extrémistes, en appellent à un changement radical voire à une véritable révolution.

Ainsi, au delà des apparences et des formules, la plupart  des femmes et hommes politiques ne raisonnent pas de façon radicalement différente. Tous entendent en découdre, selon les cas, avec un camp, avec deux camps ou avec tous les camps autres que le leur, pensant détenir la vérité, leur vérité, celle qui résoudra tous les problèmes de notre pays.

A certains égards, cette aspiration pourrait presque passer pour légitime car en démocratie la loi de l’alternance est un principe de base qui s’exerce par la voie du suffrage universel. L’électeur exerçant son choix au terme d’un légitime débat et d’une juste et préalable confrontation des idées et des projets défendus par les candidats en présence.

Pour autant, si le débat se limite au dénigrement, à la caricature, voire à l’insulte de l’autre ou de tous les autres, un tel débat n’est pas de nature à éclairer le « citoyen électeur ».

Or, force est de constater que le discours politique est souvent trop tranché, excessif et accentue les différences alors que l’art de la nuance et la recherche de consensus forts sur l’essentiel, c’est-à-dire sur ce qui fait l’unité d’un peuple, devraient présider à nos débats et caractériser nos campagnes électorales.

Les institutions de la Vème  République  étant en outre ce qu’elles sont, et même si elles présentent de nombreux avantages, il n’est pas facile de dépasser les clivages, car tout est conçu, pensé et construit pour que se constituent de façon souvent artificielle deux coalitions fondamentalement opposées que l’on désignera sous les noms de majorité et d’opposition.

La recherche d’un pluralisme authentique devrait guider nos pas afin d’éviter les dérives auxquelles nous assistons et que nous venons de dénoncer. Une vraie démocratie appelle plus de pédagogie et le rejet de la démagogie.

 

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP

14/11/2011

POUR DES CONSENSUS FORTS EN TEMPS DE CRISE

POUR DES CONSENSUS FORTS EN TEMPS DE CRISE

Editorial

Plus que jamais, eu égard aux circonstances présentes et à la gravité de la situation économique, monétaire et sociale, la France et l’Europe ont besoin de plus de consensus.

Le temps des divisions stériles, des anathèmes et des petites phrases assassines, ces avatars de la vie politique si souvent dénoncés dans ces colonnes, n’est certes pas  révolu. La nature de l’homme est ainsi faite que ce dernier ne peut s’abstraire totalement de cet univers où le dérisoire cohabite parfois avec le pathétique.

Pour autant, aujourd’hui, l’intérêt général exige des politiques qu’ils tiennent un discours plus serein, plus responsable et plus respectueux à l’égard des uns et des autres car les temps pressent, et des décisions importantes doivent être prises qui vont engager l’avenir et le destin des peuples dont ils ont la charge.

Dans ces  temps où les démagogues et populistes prospèrent et répandent les ferments de la division et les poisons de la haine, il importe en effet de savoir raison garder et tendre à l’union de tous ceux qui entendent transcender leurs légitimes différences et leurs positions partisanes pour le service du bien commun.

J’écrivais dans Lettre posthume à François Mitterrand en 2005 : « Le camp contre camp a ses limites quand l’intérêt de l’Etat et la société est en jeu.»

En maintes circonstances, j’ai mis l’accent sur le besoin de consensus forts pouvant porter sur ce qui est consubstantiel à notre démocratie. Ainsi, dans Esquisse d’une démocratie nouvelle j’indiquais qu’« il conviendrait de dégager de tels consensus en faisant abstraction des différentes sensibilités politiques et des clivages traditionnels qu’il convient de ne pas nier et qui continueront, en tout état de cause, de perdurer. Nous pensons notamment à tout ce qui touche à l’autorité de l’Etat, aux valeurs essentielles de la République, aux droits de l’homme et à la sécurité de l’Etat comme des personnes.

La recherche de consensus forts et non plus de consensus mous, comme c’est actuellement trop souvent le cas, ne devrait pas être considérée comme une utopie ou un vœu pieux mais apparaître à nos gouvernants comme une nécessité absolue s’ils ne veulent pas voir demain notre démocratie menacée par des forces qui lui sont hostiles et souhaitent en découdre avec elle. »

Dans le même sens, évoquant la crise, j’indiquais le 19 juillet dernier dans un éditorial intitulé « Des voix se font entendre pour sortir de la crise » : « Certes, pour y parvenir, des efforts devront être consentis par les uns et les autres. Une certaine rigueur sera nécessaire mais elle suppose que l’équité l’accompagne et que les efforts imposés aux peuples et aux Etats soient étalés dans le temps et partagés par les établissements financiers afin d’éviter aux uns comme aux autres qu’ils ne périssent guéris. »

C’est la raison pour laquelle je voudrais ici rendre hommage à une tribune publiée dans Le Monde du 12 novembre 2011 de M. Philippe Bas, ancien ministre et secrétaire général de l’Elysée, actuel sénateur UMP de la Manche, tribune intitulée : « 2012 : le temps de l’union nationale ? Unir les Français plutôt que les diviser. ». Dans cette tribune, l'auteur déclare notamment :

« Nous sommes tenus - et pour longtemps - d’appliquer une politique d’austérité.

Elle ne sera supportée par les Français que si nous trouvons le bon point d’équilibre entre effort et justice. Quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle de 2012, un grand nombre de Français seront appelés à faire des sacrifices. Pour être admis alors que la colère gronde, ces sacrifices devront être dosés avec discernement et répartis équitablement.

S’ils étaient excessifs, le pouvoir d’achat s’écroulerait, ce qui pourrait conduire à une récession d’une ampleur rarement connue. Pour que les Français ne se dérobent pas devant l’effort, il faudra restaurer le sentiment de la justice sociale. Seul un large accord républicain permettra de créer un consensus garant de la continuité de cet effort. Pour réussir, le vainqueur de 2012 devra rechercher cet accord en veillant à unir les Français plutôt qu’à les diviser. »*

Loin de tout esprit polémique, j’y vois un discours de vérité et d’authenticité et  c’est à ce titre que j’entendais saluer cette prise de position.

 Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP

* Voir également l’éditorial du 14 novembre 2011 publié sur le site du RCE intitulé : « UN IMPERATF : SAUVER L’EUROPE »

16/10/2011

DES ELECTIONS PRIMAIRES A L'INSTAURATION D'UN TROISIEME TOUR A L'ELECTION PRESIDENTIELLE (suite)

Editorial

Le chef de l’Etat aurait déclaré le 11 octobre 2011 à l’Elysée, selon un participant au petit déjeuner des dirigeants de la majorité, que la Ve République ne peut être l’otage des partis politiques et le candidat [à la présidentielle] pris en otage par son parti.  « Le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours » aurait-il ajouté.

Ceux qui me font l’honneur de me lire savent que ma préférence va vers un scrutin non pas à quatre tours, mais à trois tours.

 Pour autant, et sans vouloir être désobligeant à l’égard du président de la République, il me semble que ce n’est pas tant le principe d’une élection à quatre tours, du fait de l’existence de primaires ouvertes et indépendantes de l’élection présidentielle elle-même, qui pose un  problème au regard des institutions de la Ve République et plus encore de son esprit mais que c’est, en revanche, la pression qui peut être exercée par d’autres partis sur le parti organisateur de la primaire ouverte qui redonne un pouvoir excessif à certains partis, ceux-ci pouvant évidemment  être tentés d’en abuser.

C’est cette pression, ces pressions, car elles peuvent être multiples et en sens opposés, que je dénonce pour ma part dans l’instauration de primaires de ce type. Dès lors, en effet, que ce sont des citoyens-électeurs, qui choisissent le candidat d’un parti, on retire à certains égards au parti organisateur une part de son pouvoir, de ses prérogatives. Sa ligne politique et sa stratégie peuvent dans ce schéma lui être imposées de l’extérieur.

C’est la raison pour laquelle je préconise, en dépit  des réticences et des réserves de certains qui n’y ont tout simplement pas intérêt, l’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle, le premier tour jouant le rôle d’une primaire généralisée ouverte à tous les électeurs et à tous les candidats bénéficiant des parrainages requis, voire présentés par 500.000 ou 1.000.000 de citoyens.

 Cette dernière possibilité ayant pour effet, d’une part, de conforter précisément cette relation entre un homme ou une femme et la Nation et, d’autre part, de relativiser la toute-puissance des partis politiques dont le rôle reconnu par la Constitution se doit néanmoins d’être rappelé, car il est consubstantiel à la démocratie.

Ainsi, aux termes de l’article 6 de la Constitution : « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.

Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second  alinéa de l’article premier dans les conditions déterminées par la loi.

La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation.»

L’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle répondrait à la fois à l’attente des citoyens qui souhaitent pouvoir jouer un rôle plus grand dans le choix de leur candidat à l’élection suprême dans notre pays et permettrait de trouver un équilibre salutaire pour notre démocratie et l’avenir de nos institutions.

Gérard-David Desrameaux 

Directeur de la Lettre ECP