16/10/2011
DES ELECTIONS PRIMAIRES A L'INSTAURATION D'UN TROISIEME TOUR A L'ELECTION PRESIDENTIELLE (suite)
Editorial
Le chef de l’Etat aurait déclaré le 11 octobre 2011 à l’Elysée, selon un participant au petit déjeuner des dirigeants de la majorité, que la Ve République ne peut être l’otage des partis politiques et le candidat [à la présidentielle] pris en otage par son parti. « Le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours » aurait-il ajouté.
Ceux qui me font l’honneur de me lire savent que ma préférence va vers un scrutin non pas à quatre tours, mais à trois tours.
Pour autant, et sans vouloir être désobligeant à l’égard du président de la République, il me semble que ce n’est pas tant le principe d’une élection à quatre tours, du fait de l’existence de primaires ouvertes et indépendantes de l’élection présidentielle elle-même, qui pose un problème au regard des institutions de la Ve République et plus encore de son esprit mais que c’est, en revanche, la pression qui peut être exercée par d’autres partis sur le parti organisateur de la primaire ouverte qui redonne un pouvoir excessif à certains partis, ceux-ci pouvant évidemment être tentés d’en abuser.
C’est cette pression, ces pressions, car elles peuvent être multiples et en sens opposés, que je dénonce pour ma part dans l’instauration de primaires de ce type. Dès lors, en effet, que ce sont des citoyens-électeurs, qui choisissent le candidat d’un parti, on retire à certains égards au parti organisateur une part de son pouvoir, de ses prérogatives. Sa ligne politique et sa stratégie peuvent dans ce schéma lui être imposées de l’extérieur.
C’est la raison pour laquelle je préconise, en dépit des réticences et des réserves de certains qui n’y ont tout simplement pas intérêt, l’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle, le premier tour jouant le rôle d’une primaire généralisée ouverte à tous les électeurs et à tous les candidats bénéficiant des parrainages requis, voire présentés par 500.000 ou 1.000.000 de citoyens.
Cette dernière possibilité ayant pour effet, d’une part, de conforter précisément cette relation entre un homme ou une femme et la Nation et, d’autre part, de relativiser la toute-puissance des partis politiques dont le rôle reconnu par la Constitution se doit néanmoins d’être rappelé, car il est consubstantiel à la démocratie.
Ainsi, aux termes de l’article 6 de la Constitution : « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.
Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l’article premier dans les conditions déterminées par la loi.
La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation.»
L’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle répondrait à la fois à l’attente des citoyens qui souhaitent pouvoir jouer un rôle plus grand dans le choix de leur candidat à l’élection suprême dans notre pays et permettrait de trouver un équilibre salutaire pour notre démocratie et l’avenir de nos institutions.
Gérard-David Desrameaux
Directeur de la Lettre ECP