07/10/2014
Remplacer les primaires par un troisième tour à l'élection présidentielle
Editorial
Une fois de plus, le microcosme s’emballe. A plus de deux ans et demi du terme du mandat de l’actuel président de la République, une seule question semble être au centre des préoccupations d’une certaine classe médiatico-politique, à savoir : « Qui, à droite sera le candidat le plus à même de battre le candidat de gauche quel qu’il soit en 2017 ? ».
Une fois de plus, des sondages et analystes « sondent les reins et les cœurs » des électeurs et sympathisants et différentes hypothèses sont d’ores et déjà émises.
Les velléités de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, de reconquérir la présidence de l’UMP aux fins non pas de sauver ce parti mais de lui substituer une autre formation politique dotée d’un nouveau sigle et de structures également nouvelles renforcent l’agitation du microcosme dont il vient d’être fait état, tant les spéculations sont nombreuses.
Les candidats potentiels étant déjà légion (N. Sarkozy, A. Juppé, F. Fillon, X. Bertrand), la liste n’est évidemment pas exhaustive, l’idée d’avoir recours à l’organisation de primaires, procédure déjà utilisée en 2011 par le parti socialiste et alors vivement critiquée par l’UMP avant d’être ensuite retenue par d’autres, se développe à la vitesse de la lumière.
Une fois de plus, cette procédure, pour laquelle je n’ai aucune sympathie comme l’attestent mes écrits * depuis plusieurs années, paraît être, à certains, de nature à combler le « trop plein » de candidatures à droite et au centre en permettant de les départager.
Ce souci ayant évidemment pour principal objectif d’éviter que des candidatures de second rang ne viennent contrecarrer les ambitions de ceux qui entendent figurer au second tour de l’élection présidentielle et, accessoirement, d’empêcher à quelque candidat extrémiste de l’emporter.
Je le réaffirme, il s’agit-là d’une fausse bonne solution.
Les risques de division que l’on prétend combattre en ayant recours à cette procédure demeurent.
Les primaires sont déconnectées du temps réel électoral. En effet, elles interviennent longtemps avant l’échéance électorale normale.
Les primaires n’empêchent pas l’émergence de candidatures de substitution. Rien n’empêche un candidat n’ayant pas participé à la primaire de se présenter, la nature ayant horreur du vide.
Le corps électoral d ‘une « primaire dite ouverte » est trop aléatoire et imprécis.
En vérité, une autre solution existe qui devrait être pérenne, à savoir l’institution d’un troisième tour à l’élection présidentielle, solution que je préconise depuis longtemps.
Dès lors, le premier tour devient la vraie primaire. Celle-ci est généralisée, organisée et en quelque sorte institutionnalisée.
A la différence des primaires dites ouvertes, organisées de façon plus ou moins arbitraire selon les différentes structures partisanes, le premier tour d’un système à trois tours n’est pas déconnecté du temps de l’élection dès lors qu’il s’inscrit lui-même dans le processus électoral.
Il ne ferme pas la porte aux candidatures de personnalités ayant une stature d’homme ou de femme d’Etat. Il libère ceux-ci de la toute-puissance de formations politiques qui entendent demeurer maîtresses du jeu électoral. Il ouvre un espace de liberté en permettant au corps électoral de s’exprimer plus librement sans être « tenu » comme aujourd’hui par cette obsession du « vote utile », véritable épée de Damoclès au-dessus de la tête des candidats, le premier tour n’éliminant pas les candidats ayant obtenu un certain pourcentage de voix qui pourrait être de l’ordre de dix pour cent.
C’est à tort que nombre de médias et de professionnels de la politique (acteurs, élus et observateurs) semblent ne pas vouloir retenir, voire relayer cette proposition.
A certains égards, il est facile d’en comprendre les raisons. En effet, le conservatisme de la pensée est puissant et la remise en cause de schémas classiques, traditionnels, ne paraît sans doute pas souhaitable à ceux qui aiment « jouer à se faire peur » et à spéculer sur un éventuel effondrement de notre cadre institutionnel.
Pour regrettable que soit ce comportement, je demeure persuadé que tôt ou tard, il y aura lieu d’instaurer un troisième tour à l’élection présidentielle afin de permettre au pluralisme de s’épanouir.
Gérard-David Desrameaux
*
- Instituer un troisième tour à l’élection présidentielle, 17 avril 2011.
- La défense du pluralisme, 13 juin 2011.
- Du principe des primaires à l’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle, 9 octobre 2011.
- Des élections primaires à l’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle, 16 octobre 2011.
- A propos des primaires et de l’instauration d’un éventuel troisième tour, 16 juin 2013
21:54 Publié dans éditoriaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : primaires, gérard-david desrameaux, troisième tour à l'élection présidentielle, pluralisme, éthique, civisme et politique
16/06/2013
A PROPOS DES PRIMAIRES ET DE L'INSTAURATION D'UN EVENTUEL TROISIEME TOUR
Editorial
A quatre ans des futures échéances présidentielles, certains s’échauffent déjà et n’ont à l’esprit que de participer à la seule, à l’unique bataille qui leur paraît être décisive et valable, à savoir celle de l’élection présidentielle.
Une tendance, dans le même temps, s’installe : une primaire sera nécessaire pour départager les nombreux candidats de droite à la succession de l’actuel chef de l’Etat.
Ma position est connue de tous ceux qui m’ont fait l’honneur de lire mes développements sur le sujet, notamment sur ce site et sur celui du Rassemblement Civique pour l’Europe depuis plus de deux ans, ainsi qu’à la radio.
Une fois de plus, j’entends insister sur le point suivant : le recours à des primaires n’est pas souhaitable. Celles-ci, telles qu’elles sont organisées par chaque formation et du fait qu’elles sont ouvertes à des électeurs extérieurs à la formation qui y a recours, ne pouvant, en effet, qu’attiser les tensions, voire les haines à l’intérieur de chaque camp,
Les partisans de telles procédures y voient une avancée de la démocratie dès lors que le choix des candidats n’est plus l’affaire des seuls militants mais celle des sympathisants. Il est alors permis de s’interroger sur le rôle des partis dans leurs formes actuelles d’organisation et sur leur avenir en tant que formation porteuse d’un message politique, voire idéologique ? Pourquoi ne pas aller plus loin, beaucoup plus loin, et c’est ce que je préconise en évoquant l’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle.
En effet, dans cette hypothèse on « libère » réellement les candidats potentiels aux plus hautes fonctions de l’emprise des partis politiques en leur permettant de faire acte de candidature directement dès lors qu’ils répondraient à des critères redéfinis (parrainages de grands électeurs, soutiens d’un nombre significatif d’électeurs, dirigeants de formations politiques ayant recueilli là-encore un nombre significatif de voix lors d’élections nationales antérieures, etc. )
J’observe, au demeurant, que nombre de ceux qui ironisaient sur le système mis en place par le PS en 2011 et raillaient cette procédure préconisent désormais d’y avoir recours sans même tirer les leçons d’un mécanisme qui n’est pas sans présenter des risques et des dangers évidents.
J’ajoute que la primaire organisée à Paris pour la désignation du candidat ou de la candidate UMP à la Mairie de Paris ressemble à une caricature de tout ce qu’il ne faut pas faire : un nombre d’électeurs, semble-t-il inférieur ou sensiblement égal à celui des militants UMP de Paris, un électorat flou, difficilement identifiable. Qui sont, en effet les 20 000 personnes, environ, qui ont décidé du sort des candidats UMP à la Mairie de Paris ? Quid du choix du Parti ? Pourquoi laisser à des électeurs extérieurs, peut-être mal intentionnés, voire plus ou moins activistes, le pouvoir de se substituer aux militants d’une formation politique donnée ?
Ce qui vaut aujourd’hui pour l’UMP, cela vaudrait aussi pour n’importe quel autre parti !
Il y a là une dérive lourde de menaces pour l’avenir des formations politiques.
En outre, quid d’un vote électronique, informatique, dont rien ne permet d’affirmer qu’il offre des garanties au moins équivalentes à celui d’un vote traditionnel, à savoir celui que l’on effectue après le passage dans un isoloir ?
J’ajoute, enfin, que le vote devrait demeurer un acte majeur pour tout citoyen engagé et responsable. En d’autres termes, il faut accepter de se déplacer et accomplir le geste électoral dans des bureaux spécialisés et ce, en communion, en symbiose, si je puis dire, avec d’autres.
C’est cela aussi la démocratie.
Gérard-David Desrameaux
16/10/2011
DES ELECTIONS PRIMAIRES A L'INSTAURATION D'UN TROISIEME TOUR A L'ELECTION PRESIDENTIELLE (suite)
Editorial
Le chef de l’Etat aurait déclaré le 11 octobre 2011 à l’Elysée, selon un participant au petit déjeuner des dirigeants de la majorité, que la Ve République ne peut être l’otage des partis politiques et le candidat [à la présidentielle] pris en otage par son parti. « Le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours » aurait-il ajouté.
Ceux qui me font l’honneur de me lire savent que ma préférence va vers un scrutin non pas à quatre tours, mais à trois tours.
Pour autant, et sans vouloir être désobligeant à l’égard du président de la République, il me semble que ce n’est pas tant le principe d’une élection à quatre tours, du fait de l’existence de primaires ouvertes et indépendantes de l’élection présidentielle elle-même, qui pose un problème au regard des institutions de la Ve République et plus encore de son esprit mais que c’est, en revanche, la pression qui peut être exercée par d’autres partis sur le parti organisateur de la primaire ouverte qui redonne un pouvoir excessif à certains partis, ceux-ci pouvant évidemment être tentés d’en abuser.
C’est cette pression, ces pressions, car elles peuvent être multiples et en sens opposés, que je dénonce pour ma part dans l’instauration de primaires de ce type. Dès lors, en effet, que ce sont des citoyens-électeurs, qui choisissent le candidat d’un parti, on retire à certains égards au parti organisateur une part de son pouvoir, de ses prérogatives. Sa ligne politique et sa stratégie peuvent dans ce schéma lui être imposées de l’extérieur.
C’est la raison pour laquelle je préconise, en dépit des réticences et des réserves de certains qui n’y ont tout simplement pas intérêt, l’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle, le premier tour jouant le rôle d’une primaire généralisée ouverte à tous les électeurs et à tous les candidats bénéficiant des parrainages requis, voire présentés par 500.000 ou 1.000.000 de citoyens.
Cette dernière possibilité ayant pour effet, d’une part, de conforter précisément cette relation entre un homme ou une femme et la Nation et, d’autre part, de relativiser la toute-puissance des partis politiques dont le rôle reconnu par la Constitution se doit néanmoins d’être rappelé, car il est consubstantiel à la démocratie.
Ainsi, aux termes de l’article 6 de la Constitution : « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.
Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l’article premier dans les conditions déterminées par la loi.
La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation.»
L’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle répondrait à la fois à l’attente des citoyens qui souhaitent pouvoir jouer un rôle plus grand dans le choix de leur candidat à l’élection suprême dans notre pays et permettrait de trouver un équilibre salutaire pour notre démocratie et l’avenir de nos institutions.
Gérard-David Desrameaux
Directeur de la Lettre ECP