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05/02/2012

DE LA PLACE DE L'ETHIQUE EN POLITIQUE

Editorial

Un récent sondage réalisé par IPSOS Logica Business Consulting pour l’association Lire la Société et Le Monde à l’occasion de la journée du livre politique organisée à l’Assemblée nationale le 4 février 2012, fait apparaître que les Français estiment que l’éthique recule en politique. Une majorité d’entre eux se déclarant peu confiants quant au respect de règles morales par les élus

Une information de cette nature ne peut laisser indifférents tous ceux qui croient en la politique et en la noblesse du politique.

A l’évidence, un tel sentiment traduit une crise profonde de notre société, accentuée sans doute par un certain nombre de scandales et affaires dont la presse s’est faite l’écho au cours des dernières années, voire des derniers mois.

Eu égard à la perte de certains repères par nombre de nos compatriotes, au phénomène de crispation bien présent au cœur de la société française et aux relents de populisme que l’on observe ici et là et que l’on voit poindre également là où on ne les attendait pas, il y a lieu d’être particulièrement vigilant et d’avoir à l’esprit que la démagogie ne peut être efficacement combattue que si la pédagogie est mise au service de la démocratie et de l’intelligence.

J’écrivais il ya quelques années dans Esquisse d’une démocratie nouvelle, pour une éthique en politique :

«  Aujourd’hui, l’éthique est souvent au cœur du débat politique. Le mot éthique est, en effet, employé en permanence, non sans arrière-pensée, hélas dans bien des cas. Oui, le mot éthique est à la mode et les hommes, on le sait, aiment suivre l’air du temps.

 Faut-il s’en plaindre ?

Assurément, si le terme éthique est galvaudé et utilisé uniquement pour faire plaisir à quelque auditoire et se donner bonne conscience à bon compte.

Certainement pas, si le recours à l’éthique répond à une réelle prise de conscience et à une volonté affirmée d’en finir avec des pratiques, des comportements et des attitudes qui nuisent à la fois à la politique et à la démocratie.

Oui, aujourd’hui, plus que jamais, il faut faire en sorte que l’éthique soit au cœur du débat politique.»

Puissent les candidats à l’élection présidentielle ne pas l’oublier et puissent-ils, dans le même temps, tenir un discours de vérité et de clarté et bannir toute caricature et généralisation excessive.

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP 

14/11/2011

POUR DES CONSENSUS FORTS EN TEMPS DE CRISE

POUR DES CONSENSUS FORTS EN TEMPS DE CRISE

Editorial

Plus que jamais, eu égard aux circonstances présentes et à la gravité de la situation économique, monétaire et sociale, la France et l’Europe ont besoin de plus de consensus.

Le temps des divisions stériles, des anathèmes et des petites phrases assassines, ces avatars de la vie politique si souvent dénoncés dans ces colonnes, n’est certes pas  révolu. La nature de l’homme est ainsi faite que ce dernier ne peut s’abstraire totalement de cet univers où le dérisoire cohabite parfois avec le pathétique.

Pour autant, aujourd’hui, l’intérêt général exige des politiques qu’ils tiennent un discours plus serein, plus responsable et plus respectueux à l’égard des uns et des autres car les temps pressent, et des décisions importantes doivent être prises qui vont engager l’avenir et le destin des peuples dont ils ont la charge.

Dans ces  temps où les démagogues et populistes prospèrent et répandent les ferments de la division et les poisons de la haine, il importe en effet de savoir raison garder et tendre à l’union de tous ceux qui entendent transcender leurs légitimes différences et leurs positions partisanes pour le service du bien commun.

J’écrivais dans Lettre posthume à François Mitterrand en 2005 : « Le camp contre camp a ses limites quand l’intérêt de l’Etat et la société est en jeu.»

En maintes circonstances, j’ai mis l’accent sur le besoin de consensus forts pouvant porter sur ce qui est consubstantiel à notre démocratie. Ainsi, dans Esquisse d’une démocratie nouvelle j’indiquais qu’« il conviendrait de dégager de tels consensus en faisant abstraction des différentes sensibilités politiques et des clivages traditionnels qu’il convient de ne pas nier et qui continueront, en tout état de cause, de perdurer. Nous pensons notamment à tout ce qui touche à l’autorité de l’Etat, aux valeurs essentielles de la République, aux droits de l’homme et à la sécurité de l’Etat comme des personnes.

La recherche de consensus forts et non plus de consensus mous, comme c’est actuellement trop souvent le cas, ne devrait pas être considérée comme une utopie ou un vœu pieux mais apparaître à nos gouvernants comme une nécessité absolue s’ils ne veulent pas voir demain notre démocratie menacée par des forces qui lui sont hostiles et souhaitent en découdre avec elle. »

Dans le même sens, évoquant la crise, j’indiquais le 19 juillet dernier dans un éditorial intitulé « Des voix se font entendre pour sortir de la crise » : « Certes, pour y parvenir, des efforts devront être consentis par les uns et les autres. Une certaine rigueur sera nécessaire mais elle suppose que l’équité l’accompagne et que les efforts imposés aux peuples et aux Etats soient étalés dans le temps et partagés par les établissements financiers afin d’éviter aux uns comme aux autres qu’ils ne périssent guéris. »

C’est la raison pour laquelle je voudrais ici rendre hommage à une tribune publiée dans Le Monde du 12 novembre 2011 de M. Philippe Bas, ancien ministre et secrétaire général de l’Elysée, actuel sénateur UMP de la Manche, tribune intitulée : « 2012 : le temps de l’union nationale ? Unir les Français plutôt que les diviser. ». Dans cette tribune, l'auteur déclare notamment :

« Nous sommes tenus - et pour longtemps - d’appliquer une politique d’austérité.

Elle ne sera supportée par les Français que si nous trouvons le bon point d’équilibre entre effort et justice. Quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle de 2012, un grand nombre de Français seront appelés à faire des sacrifices. Pour être admis alors que la colère gronde, ces sacrifices devront être dosés avec discernement et répartis équitablement.

S’ils étaient excessifs, le pouvoir d’achat s’écroulerait, ce qui pourrait conduire à une récession d’une ampleur rarement connue. Pour que les Français ne se dérobent pas devant l’effort, il faudra restaurer le sentiment de la justice sociale. Seul un large accord républicain permettra de créer un consensus garant de la continuité de cet effort. Pour réussir, le vainqueur de 2012 devra rechercher cet accord en veillant à unir les Français plutôt qu’à les diviser. »*

Loin de tout esprit polémique, j’y vois un discours de vérité et d’authenticité et  c’est à ce titre que j’entendais saluer cette prise de position.

 Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP

* Voir également l’éditorial du 14 novembre 2011 publié sur le site du RCE intitulé : « UN IMPERATF : SAUVER L’EUROPE »

16/07/2011

LES PARTIS POLITIQUES N'ATTIRENT PLUS...

Editorial

Certains évènements politiques récents et certaines observations quant aux comportements d’acteurs politiques me conduisent à reproduire ici, comme je l’ai déjà fait d’autres fois, certains passages de mon livre Esquisse d‘une démocratie nouvelle, pour une éthique en politique. Ils gardent, me semble-t-il, toute leur pertinence car les forces politiques ne paraissent pas en mesure de s’adapter aux exigences nouvelles des temps présents. Je reviendrai sur leur inadaptation  au cours des prochains mois.

« Les partis politiques n’attirent plus, ou, pour être plus précis, n’attirent plus celles et ceux qui n’ont pas pour ambition première de faire une carrière politique nationale ou locale.

Hier, on établissait généralement une distinction assez forte entre les partis de notables, le plus souvent de droite, et les partis de masse, pour la plupart de gauche. Aujourd’hui, les différences entre partis de droite et de gauche tendent à s’estomper même si quelques-unes subsistent.

L’adhésion à un parti demeure cependant un passage obligé dans  la plupart des cas pour quiconque entend postuler un mandat politique de quelque importance. Les exceptions sont rares, même si elles existent. Aussi, le gros des troupes des formations politiques est-il constitué soit d’élus, soit d’anciens élus, soit de candidats virtuels à l’élection.

Il se trouve bien, également, ici ou là, aux côtés des précédents, des femmes et des hommes qui adhèrent sans pour autant prétendre à quelque vocation politicienne même si, en cours de route, ils peuvent être conduits à changer d’état d’esprit et à accepter de se soumettre au verdict des électeurs. Ils se font assurément plus rares et sans doute demeurent-ils moins longtemps membres cotisants. On peut, en effet, observer parmi cette dernière catégorie une moindre constance dans le militantisme.

Plusieurs raisons expliquent cette différence de comportement. Alors que les premiers, en adhérant à une formation politique, nonobstant le fait qu’en ayant adhéré à une formation donnée et pas à une autre, ont fait un choix idéologique précis et entendent être les hérauts d’une cause qu’ils croient juste, sont prêts à accepter toutes les contraintes qu’implique le fait d’adhérer à une structure partisane, les seconds se satisfont, en règle générale, difficilement de ces mêmes contraintes. Evidemment, il serait absurde de prétendre que les premiers apprécieraient les jeux internes et se conformeraient à leurs règles avec délectation.

En revanche, à la différence de ceux qui ne font qu’adhérer afin de soutenir une cause  sans s’engager plus avant d’un point de vue strictement personnel, ils acceptent, contraints et forcés dans bien des cas, nécessité faisant loi, les aspects les moins agréables du militantisme. Parmi ceux-ci, à l’évidence, le fait de devoir, dans la plupart des cas, affronter d’autres militants de la même formation dans des combats singuliers.

Militer, c’est en effet, non seulement soutenir et défendre une conception des choses, de la vie en société, un idéal, un projet pour l’avenir, mais c’est aussi faire avancer telle ou telle notion, c’est aussi mettre l’accent sur tel ou tel point particulier, c’est débattre avec d’autres qui partagent pour l’essentiel votre idéal mais qui peuvent s’opposer à vous sur le rythme, les moyens, les formes et parfois, ce qui est déjà plus sérieux, sur le fond.

Il n’y a là rien  de grave en apparence. C’est après tout la rançon de la démocratie. Débattre, dialoguer, opposer des arguments, confronter des idées, les exposer, les défendre, c’est à l’évidence un signe de vitalité et l’on ne  conçoit pas une structure politique démocratique authentique qui ne sacrifierait pas à ces exigences. En revanche, ce qui désoriente et finit par lasser nombre de militants ce sont les faux-débats, les fausses querelles, les ambitions personnelles excessives qui viennent dénaturer le débat et brouiller les pistes.

Ce qui n’est pas acceptable et porte globalement préjudice aux partis, c’est quand l’essentiel est occulté par l’accessoire, c’est quand l’invective remplace la sobre confrontation des opinions, c’est quand les petites phrases assassines remplacent les arguments circonstanciés. Là, comme en toutes choses, l’excès nuit.

Une force politique qui ne connaîtrait pas en son sein une véritable vie démocratique – ce qui implique notamment l’existence de débats libres et le choix tout aussi libre, par la voie de l’élection de ses dirigeants – ne serait certainement pas la mieux qualifiée pour proposer un projet politique d’essence démocratique. Pour être crédible, il est préférable d’être en accord avec les principes que l’on énonce et en donner l’exemple. Faute de quoi, on peut, à juste titre s’interroger sur le bien-fondé des propositions et douter de la sincérité de ceux qui les formulent.

En sens inverse, une force politique au sein de laquelle des débats artificiels dissimuleraient en fait des rivalités pour des postes et où les divisions succèderaient aux divisions favorisant l’émergence de clans et de chapelles, ne serait qu’une caricature d’organisation démocratique incapable de retenir des militants lassés de servir les intérêts de quelques-uns aux dépens d’un idéal commun.

Pour autant, il serait stupide de condamner ex-cathedra toute ambition. Dès lors qu’elle est au service d’une idée, d’une cause, d’un grand dessein, elle est tout à fait estimable et justifiée, voire nécessaire. Ce qui est condamnable et en tant que tel rejeté par l’opinion publique et beaucoup de militants, c’est avant tout le carriérisme et la recherche d’avantages particuliers déconnectés de tout projet collectif.

Dans le premier cas, l’ambition mise au service d’une grande cause galvanise l’énergie des militants et suscite l’intérêt de l’électorat. Dans le second cas, l’ambition mise au service d’un plan de carrière, généralement d’un second couteau, réduit la ferveur militante et conduit à l’abstentionnisme de l’électorat. Il n’y a pas lieu, au demeurant, de s’en étonner. »

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP