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13/10/2013

DEMOCRATES ET REPUBLICAINS : CESSEZ LE FEU

Editorial

Faites entendre votre voix. Trouvez les paroles justes. Tenez un discours responsable. Cessez vos incartades et petites phrases assassines. Mettez un terme aux querelles subalternes et aux faux procès.

Certaines forces extrémistes sont capables de mobiliser alors que d’autres forces n’y parviennent pas tant elles sont traversées par des batailles d’égo. Cela devrait vous interpeller.

La voix des uns est inaudible alors que d’autres voix tonitruantes viennent perturber le jeu politique traditionnel en abreuvant la scène politique nationale et européenne d’un discours dangereux, car réducteur et simplificateur à l’extrême.

Oui, il existe de nombreux problèmes tant au plan social qu’au plan économique ou sécuritaire pour ne s’en tenir qu’à ces seuls secteurs.

Le chômage progresse. L’insécurité, au-delà même du seul sentiment d’insécurité, est chaque jour davantage ressentie comme un phénomène omniprésent.

Tout cela appelle des réponses et des solutions. Mais il faut se garder de réponses et de solutions simplistes qui se voilent derrière une apparence de « bon sens ».

Gardons-nous des fausses solutions, des faux-remèdes qui ne font qu’aggraver la situation et finiront par tuer le malade, à savoir la démocratie, au lieu de le guérir et de l’épanouir.
En revanche, sachez affronter le mal, faites preuve de discernement, reconnaissez qu’il existe des problèmes, qu’il faut les traiter avec courage et sérieux et surtout sachez ne pas faire la politique de l’autruche en niant la gravité du mal.

Ce faisant, vous répondrez à l’attente de millions de femmes et d’hommes, citoyens de France, qui désespèrent d’attendre et sont tentés de se livrer pieds et mains liés à des marchands d’illusions.

Oui, démocrates et républicains, puissiez-vous entendre cet appel qui vient du tréfonds de notre peuple : cessez-le feu, cessez les combats inutiles, c’est-à-dire ceux qui prennent appui sur de fausses querelles. Débattez sincèrement sur le fond  des questions qui méritent la confrontation des idées, le dialogue et le règlement des problèmes qui préoccupent nos compatriotes.

Gérard-David Desrameaux

16/07/2011

LES PARTIS POLITIQUES N'ATTIRENT PLUS...

Editorial

Certains évènements politiques récents et certaines observations quant aux comportements d’acteurs politiques me conduisent à reproduire ici, comme je l’ai déjà fait d’autres fois, certains passages de mon livre Esquisse d‘une démocratie nouvelle, pour une éthique en politique. Ils gardent, me semble-t-il, toute leur pertinence car les forces politiques ne paraissent pas en mesure de s’adapter aux exigences nouvelles des temps présents. Je reviendrai sur leur inadaptation  au cours des prochains mois.

« Les partis politiques n’attirent plus, ou, pour être plus précis, n’attirent plus celles et ceux qui n’ont pas pour ambition première de faire une carrière politique nationale ou locale.

Hier, on établissait généralement une distinction assez forte entre les partis de notables, le plus souvent de droite, et les partis de masse, pour la plupart de gauche. Aujourd’hui, les différences entre partis de droite et de gauche tendent à s’estomper même si quelques-unes subsistent.

L’adhésion à un parti demeure cependant un passage obligé dans  la plupart des cas pour quiconque entend postuler un mandat politique de quelque importance. Les exceptions sont rares, même si elles existent. Aussi, le gros des troupes des formations politiques est-il constitué soit d’élus, soit d’anciens élus, soit de candidats virtuels à l’élection.

Il se trouve bien, également, ici ou là, aux côtés des précédents, des femmes et des hommes qui adhèrent sans pour autant prétendre à quelque vocation politicienne même si, en cours de route, ils peuvent être conduits à changer d’état d’esprit et à accepter de se soumettre au verdict des électeurs. Ils se font assurément plus rares et sans doute demeurent-ils moins longtemps membres cotisants. On peut, en effet, observer parmi cette dernière catégorie une moindre constance dans le militantisme.

Plusieurs raisons expliquent cette différence de comportement. Alors que les premiers, en adhérant à une formation politique, nonobstant le fait qu’en ayant adhéré à une formation donnée et pas à une autre, ont fait un choix idéologique précis et entendent être les hérauts d’une cause qu’ils croient juste, sont prêts à accepter toutes les contraintes qu’implique le fait d’adhérer à une structure partisane, les seconds se satisfont, en règle générale, difficilement de ces mêmes contraintes. Evidemment, il serait absurde de prétendre que les premiers apprécieraient les jeux internes et se conformeraient à leurs règles avec délectation.

En revanche, à la différence de ceux qui ne font qu’adhérer afin de soutenir une cause  sans s’engager plus avant d’un point de vue strictement personnel, ils acceptent, contraints et forcés dans bien des cas, nécessité faisant loi, les aspects les moins agréables du militantisme. Parmi ceux-ci, à l’évidence, le fait de devoir, dans la plupart des cas, affronter d’autres militants de la même formation dans des combats singuliers.

Militer, c’est en effet, non seulement soutenir et défendre une conception des choses, de la vie en société, un idéal, un projet pour l’avenir, mais c’est aussi faire avancer telle ou telle notion, c’est aussi mettre l’accent sur tel ou tel point particulier, c’est débattre avec d’autres qui partagent pour l’essentiel votre idéal mais qui peuvent s’opposer à vous sur le rythme, les moyens, les formes et parfois, ce qui est déjà plus sérieux, sur le fond.

Il n’y a là rien  de grave en apparence. C’est après tout la rançon de la démocratie. Débattre, dialoguer, opposer des arguments, confronter des idées, les exposer, les défendre, c’est à l’évidence un signe de vitalité et l’on ne  conçoit pas une structure politique démocratique authentique qui ne sacrifierait pas à ces exigences. En revanche, ce qui désoriente et finit par lasser nombre de militants ce sont les faux-débats, les fausses querelles, les ambitions personnelles excessives qui viennent dénaturer le débat et brouiller les pistes.

Ce qui n’est pas acceptable et porte globalement préjudice aux partis, c’est quand l’essentiel est occulté par l’accessoire, c’est quand l’invective remplace la sobre confrontation des opinions, c’est quand les petites phrases assassines remplacent les arguments circonstanciés. Là, comme en toutes choses, l’excès nuit.

Une force politique qui ne connaîtrait pas en son sein une véritable vie démocratique – ce qui implique notamment l’existence de débats libres et le choix tout aussi libre, par la voie de l’élection de ses dirigeants – ne serait certainement pas la mieux qualifiée pour proposer un projet politique d’essence démocratique. Pour être crédible, il est préférable d’être en accord avec les principes que l’on énonce et en donner l’exemple. Faute de quoi, on peut, à juste titre s’interroger sur le bien-fondé des propositions et douter de la sincérité de ceux qui les formulent.

En sens inverse, une force politique au sein de laquelle des débats artificiels dissimuleraient en fait des rivalités pour des postes et où les divisions succèderaient aux divisions favorisant l’émergence de clans et de chapelles, ne serait qu’une caricature d’organisation démocratique incapable de retenir des militants lassés de servir les intérêts de quelques-uns aux dépens d’un idéal commun.

Pour autant, il serait stupide de condamner ex-cathedra toute ambition. Dès lors qu’elle est au service d’une idée, d’une cause, d’un grand dessein, elle est tout à fait estimable et justifiée, voire nécessaire. Ce qui est condamnable et en tant que tel rejeté par l’opinion publique et beaucoup de militants, c’est avant tout le carriérisme et la recherche d’avantages particuliers déconnectés de tout projet collectif.

Dans le premier cas, l’ambition mise au service d’une grande cause galvanise l’énergie des militants et suscite l’intérêt de l’électorat. Dans le second cas, l’ambition mise au service d’un plan de carrière, généralement d’un second couteau, réduit la ferveur militante et conduit à l’abstentionnisme de l’électorat. Il n’y a pas lieu, au demeurant, de s’en étonner. »

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP