Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/08/2013

UN PARLEMENT EUROPEEN AUX POUVOIRS RENFORCES GRACE A UNE CITOYENNETE EUROPEENNE PLUS AFFIRMEE

Editorial 

Les élections européennes connaissent généralement un taux d’abstention particulièrement élevé

Il s’agit d’élections atypiques.

S’agissant de la France, ce sont les seules élections qui se font selon une représentation proportionnelle non atténuée par l’existence d’une prime ou corrigée par des éléments de type majoritaire

Il y a donc là un levier formidable sur lequel on pourrait appuyer si l’on voulait favoriser l’émergence d’une authentique citoyenneté européenne. Or le paradoxe réside dans le fait que ce sont des élections qui, paraît-il, n’intéressent pas les citoyens de l’Union et plus encore les citoyens français.

J’ai recours à dessein à l’expression « paraît-il » car à l’évidence, les taux élevés de l’abstention montrent que nombre d’électeurs se détournent de ce type de scrutin. Pour autant, je demeure persuadé qu’ils pourraient retrouver le chemin des urnes à l’occasion des élections européennes si un certain nombre d’efforts étaient faits par de nombreux acteurs publics et privés. J’en veux pour preuve le souhait exprimé ici ou là par nos compatriotes qui disent souhaiter exprimer leur opinion quant au devenir de l’Europe.

Ainsi, alors que beaucoup dénoncent le fait que l’Europe se construise sans demander l’avis des Européens, ceux-ci disposent de la faculté, tous les cinq ans de désigner démocratiquement au suffrage universel direct des représentants au Parlement européen  qui est l’une des composantes du pouvoir législatif européen avec la Commission.

Quid d’un tel désintérêt, d’un tel malentendu ?

Les causes sont multiples et les responsabilités partagées.

Les électeurs qui ne font pas l’effort nécessaire pour s’affirmer comme des acteurs essentiels de la construction  européenne et prendre l’exacte mesure des responsabilités qu’ils ont entre leurs mains s’ils veulent forger leur destin en tant que citoyens européens.

Les médias qui ne couvrent pas bien ces élections et qui ne favorisent pas les débats et les confrontations.

Les politiques, incapables de maîtriser leurs querelles franco-françaises et  de proposer de grands desseins au niveau européen, dominés par leurs passions et leur peu d’appétence pour tout ce qui transcende les clivages partisans traditionnels.

Les partis politiques, eux-mêmes portent une lourde responsabilité pour ce désintérêt. Maîtres des listes qu’ils composent et donc de l’ordre d’établissement des candidats selon leur bon vouloir, ils ont souvent recours à des recalés du suffrage universel à des élections locales ou nationales. Certains candidats, et donc pour beaucoup d’entre eux futurs élus, vivant leur désignation sur ces listes comme une sorte de lot de consolation, d’autres y voyant une sanction voire un exil, d’autres encore comme une divine surprise car non préparés à ce type de mandat mais choisis par le prince de tel ou parti car il fallait répondre à tel ou tel quota, femme, homme, originaire de telle ou telle région, catégorie socio professionnelle, tranche d’âge.

Trop d’encadrements, de critères  et de contraintes,  au nom d’une prétendue égalité prenant en compte la diversité du corps électoral, finit pas déboucher sur des listes souvent inaudibles et sans personnalité car toutes, hors les extrêmes, finissent par se ressembler et se confondre.

Des remèdes sont possibles pour pallier à cette situation

On ne pourra là encore faire l’économie d’une réforme des institutions européennes.

Il conviendrait en premier lieu de doter le Parlement européen de plus de pouvoirs et assurer en son sein une meilleure représentation des populations de chaque Etat. Le poids respectif de chaque Etat devant davantage être pris en considération.

Il faudrait créer une Chambre haute représentant les Etats qui pourrait être le Conseil dénommé conseil fédéral.

Les élections au Parlement européen ont lieu le même jour quasiment. C’est un point positif. Pour autant, il conviendrait d’aller plus loin en procédant notamment à l’élection des Parlements nationaux en même temps afin d’homogénéiser en quelque sorte les thèmes des campagnes et favoriser des convergences afin de dégager des objectifs communs à atteindre.

Tout ceci devrait être accompagné par la création de partis transnationaux et l’existence de campagnes communes.

Il ne s’agit-là que de quelques propositions parmi bien d’autres qu’il conviendrait de formuler mais elles permettraient de changer fondamentalement la donne et le regard porté par nos concitoyens sur le rôle et la place de l’Europe. Les politiques seraient bien inspirés de se saisir du problème s’ils croient en l’avenir de notre continent. Leur incapacité à dessiner de nouveaux horizons et à défricher de nouvelles pistes est atterrante.

Gérard-David Desrameaux

* Je reprends ici à dessein quelques extraits de mon livre : Droit électoral, éditions Studyrama,  collection « Panorama du droit » 2013

25/11/2012

LA DEMOCRATIE BLESSEE

Editorial

A trop vouloir rassembler et faire vivre dans une structure unique des courants de pensée antagonistes et tout compte fait fondamentalement opposés, on crée des machines de guerre électorale dépourvues de toute efficacité.

L’affligeant spectacle auquel nous venons d’assister, spectacle qui au demeurant se poursuit sous nos yeux médusés, de par la volonté des dirigeants d’une grande formation politique, hier détentrice du pouvoir et candidate pour demain à l’exercer de nouveau, ne peut réjouir tout démocrate et républicain sincère.

C’est la démocratie qui est blessée par de tels comportements et ceux-ci font le jeu de tous les extrémistes et populistes aux propositions simplistes, voire dangereuses, qui déjà croient leur heure arrivée et savourent leur victoire annoncée.

On ne peut que s’étonner de tels comportements et errements de la part d’hommes et de femmes, responsables et politiques confirmés, alors même que la France, à l’instar de bien d’autres pays, est confrontée à des difficultés, économiques, financières et sociales et que l’avenir s’annonce particulièrement sombre pour nombre de nos concitoyens.

Le combat pour la démocratie ne souffre d’aucun répit. Et, si les partis politiques, si souvent décriés, notamment sous la IVe république et plus particulièrement encore par  le général de Gaulle tant sous la IVe République que sous la Ve République, participent et concourent à l’expression du suffrage comme le prévoit la Constitution, force est de constater qu’ils sont loin de donner toujours satisfaction - et c’est un euphémisme – tant ils se prêtent à des simulacres de démocratie en interne, mettant ainsi en contradiction leurs actes et leurs paroles.

J’ai souvent eu l’occasion de mettre l’accent,  tant dans mes écrits que lors de mes interventions, sur cette distorsion.*

J’invite celles et ceux qui sont intéressés par ce thème à s’y reporter et les dirigeants de partis politiques seraient bien inspirés d’en tirer les enseignements au plan comportemental, s’ils entendent retrouver le crédit auquel ils aspirent, et des raisons sérieuses de croire en leur destin et plus encore en celui des femmes et des hommes pour lesquels ils sont censés se battre et sans lesquels ils ne seraient pas au niveau de responsabilité qui est le leur.

Les démocrates et républicains n’entendent pas hurler avec les pourfendeurs patentés des hommes politiques.

Aussi, doivent-ils être entendus des politiques responsables car ils ne souhaitent pas désespérer de la politique et moins encore du politique.

Trop de divisions inutiles, de slogans meurtriers, de double langage, de propos inappropriés, de phrases assassines, d’images dévoyées, de postures et de jeux de rôle nuisent à l’image du politique et de la politique.

A vouloir être le parti unique d’un camp, on finit par oublier que le pluralisme est à la base de la démocratie. A trop vouloir étreindre, on étouffe, on asphyxie. Il en est ainsi également en politique.

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP

 

 * Esquisse d’une démocratie nouvelle – Pour une éthique en politique, Editions Lanore, 2007

Sur ce site, notamment :

« A propos des partis politiques », 17 juin 2012

« 2012, année électorale », 7 janvier 2012

17/06/2012

A PROPOS DES PARTIS POLITIQUES

Les partis politiques quels qu’ils soient seraient bien inspirés de s’interroger à la lueur des derniers scrutins, et sans préjuger des résultats du dimanche 17 juin, quant à l’impérieuse nécessité pour eux d’entendre la voix de leurs adhérents et au-delà de ces derniers de leurs sympathisants et électeurs.

S’ils veulent à juste titre que vive et s’épanouisse la démocratie au plan national et local et que soit assurée une juste et digne représentation des courants de pensée au sein du Parlement comme au sein des assemblées locales et du Parlement européen, ils doivent avoir parallèlement le souci premier de faire vivre la démocratie en interne.

Les problèmes liés aux alliances, les choix stratégiques, les orientations politiques, les choix des candidats ne peuvent être l’affaire exclusive de dirigeants qui, se sentant investis d’une mission qui trop souvent les dépasse et les éloigne des réalités, notamment du terrain, entendent décider de tout, au nom de tous, dans le silence d’instances auxquelles le plus souvent n’est jamais conviée l’armée de militants dont on aura ensuite l’indécence de mobiliser pour venir distribuer des tracts, coller des affiches et faire la claque dans des meetings.

Dans le même temps la désignation de  trop de candidats ou candidates insipides, sans charisme, sans programme, sans projet clairement défendu, contribue à donner l’impression dans bien des cas, au-delà d’un amateurisme déconcertant, à un immense gâchis et ternit l’image de ce que l’on est en droit d’attendre d’un authentique débat démocratique.

Mon jugement peut paraître sévère mais il ne fait que traduire un sentiment bien réel et qui est cruellement ressenti par nombre de citoyens qui, aimant la politique, se désespèrent d’assister muets et impuissants à un triste spectacle où le pathétique une fois de plus s’allie au dérisoire, voire au ridicule !

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP