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03/03/2012

L'EUROPE N'EST PAS ASSEZ PRESENTE DANS LE DEBAT PRESIDENTIEL

Editorial

 Alors que l’Europe souffre et que le concept même de construction européenne est mis à mal par ses détracteurs de toujours, j’observe avec regret que ses plus zélés défendeurs sont bien timides jusqu’à maintenant, comme s’il fallait donner des gages à tous ceux qui pourfendent, pour les uns, l’Europe de Maastricht, pour les autres, le traité de constitution européenne, pour d’autres encore, le traité de Lisbonne, pour d’autres enfin, le traité de discipline budgétaire européen.

Certains invoquent l’Europe mais en se contentant de généralités et en se gardant le plus souvent de propositions précises pour relancer un projet que les dirigeants européens n’ont pas su, pour les uns, et n’ont pas voulu, pour les autres, défendre comme il aurait fallu le faire afin d’éviter certaines dérives.

Certains ont mis leur drapeau, celui de l’Europe, dans leur poche, car l’air du temps n’est plus celui où l’on parlait de l’Europe avec fougue et avec chaleur.

A cet égard, j’observe qu’ils l’ont fait au sens figuré comme au sens propre. Ainsi, les drapeaux européens ne figurent pratiquement plus sur les estrades où se produisent certains leaders, voire certains candidats à la présidence. L’Hymne européen ne retentit plus alors qu’il serait souhaitable de l’entendre comme une note d’espoir pour redonner foi en l’Europe et galvaniser les ardeurs de peuples assoupis.

Au moment où la crise s’installe au cœur de toutes les nations d’Europe, il est permis de s’interroger : Où sont les grands avocats de la cause européenne ? Où sont tous ceux qui devraient battre le rappel des citoyens d’Europe pour qu’ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour relancer une dynamique aujourd’hui défaillante ?

Mais encore une fois, il ne suffit pas, il ne suffit plus aujourd’hui d’exprimer des vœux qui ne demeureront que des vœux pieux. Il faut qu’un véritable plan de relance politique soit mis au point et que des propositions concrètes et audacieuses soient formulées, notamment sur le plan institutionnel.

Il faut dire pour quelle Europe on entend se battre. Il faut en effet cesser d’être vague et timoré en se réfugiant derrière les réserves, réticences et rejets exprimés ici et là par tous ceux qui n’ont plus ou n’ont jamais eu foi en la construction européenne.

Face à ceux qui prônent la fin de la zone euro, au repli sur soi et se font les apôtres d’un souverainisme au niveau des nations, il faut en appeler à plus de fédéralisme en appelant à la construction d’une authentique Europe puissance, dotée précisément des attributs de la souveraineté et d’essence profondément démocratique.

Il est urgent de parler haut et fort en faveur de l’Union en tenant compte des impasses et des erreurs commises mais sûrement pas en marchant à reculons.

Les citoyens  attachés à la construction européenne attendent des initiatives qui tardent à venir. Ils sont dans l’attente d’un nouveau départ, d’un nouvel acte fondateur. Ils sont dans l’attente d’un discours qui fait aujourd’hui cruellement défaut et qui tarde à venir alors qu’il devrait être au centre du débat  de l’actuelle campagne présidentielle.

Faire l’impasse sur la nature de l’Europe que l’on entend construire et laisser  aux seuls adversaires de l’Union le soin de hausser le ton serait une grave erreur et ternirait bien évidemment l’image que laissera cette campagne dans l’histoire de notre pays et de l’Union européenne.

 Gérard-David Desrameaux

 Directeur de la Lettre ECP

05/02/2012

DE LA PLACE DE L'ETHIQUE EN POLITIQUE

Editorial

Un récent sondage réalisé par IPSOS Logica Business Consulting pour l’association Lire la Société et Le Monde à l’occasion de la journée du livre politique organisée à l’Assemblée nationale le 4 février 2012, fait apparaître que les Français estiment que l’éthique recule en politique. Une majorité d’entre eux se déclarant peu confiants quant au respect de règles morales par les élus

Une information de cette nature ne peut laisser indifférents tous ceux qui croient en la politique et en la noblesse du politique.

A l’évidence, un tel sentiment traduit une crise profonde de notre société, accentuée sans doute par un certain nombre de scandales et affaires dont la presse s’est faite l’écho au cours des dernières années, voire des derniers mois.

Eu égard à la perte de certains repères par nombre de nos compatriotes, au phénomène de crispation bien présent au cœur de la société française et aux relents de populisme que l’on observe ici et là et que l’on voit poindre également là où on ne les attendait pas, il y a lieu d’être particulièrement vigilant et d’avoir à l’esprit que la démagogie ne peut être efficacement combattue que si la pédagogie est mise au service de la démocratie et de l’intelligence.

J’écrivais il ya quelques années dans Esquisse d’une démocratie nouvelle, pour une éthique en politique :

«  Aujourd’hui, l’éthique est souvent au cœur du débat politique. Le mot éthique est, en effet, employé en permanence, non sans arrière-pensée, hélas dans bien des cas. Oui, le mot éthique est à la mode et les hommes, on le sait, aiment suivre l’air du temps.

 Faut-il s’en plaindre ?

Assurément, si le terme éthique est galvaudé et utilisé uniquement pour faire plaisir à quelque auditoire et se donner bonne conscience à bon compte.

Certainement pas, si le recours à l’éthique répond à une réelle prise de conscience et à une volonté affirmée d’en finir avec des pratiques, des comportements et des attitudes qui nuisent à la fois à la politique et à la démocratie.

Oui, aujourd’hui, plus que jamais, il faut faire en sorte que l’éthique soit au cœur du débat politique.»

Puissent les candidats à l’élection présidentielle ne pas l’oublier et puissent-ils, dans le même temps, tenir un discours de vérité et de clarté et bannir toute caricature et généralisation excessive.

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP 

07/01/2012

2012, ANNEE ELECTORALE

Editorial

 2012 est une année électorale, certes ! Espérons qu’elle soit également celle du courage et d’une certaine sérénité !

Jamais plus qu’en ce début d’année, il n’est en effet apparu aussi souhaitable que la notion d’intérêt général préside à nos débats et à nos choix politiques.

Force est de constater, hélas, que globalement le début de la  campagne électorale ne se caractérise pas par ce souci premier.

Trop souvent l’anathème, l’invective et les petites phrases assassines semblent être les attitudes préférées de la plupart des femmes et des hommes politiques, si ce n’est de la plupart des candidats et candidates à l’élection présidentielle.

Le clan contre clan a été condamné, à juste titre d’ailleurs, par François Bayrou, et ce, depuis longtemps, puisqu’il défendait déjà ce thème lors de l’élection présidentielle de 2007.

Mais dans le même temps, force est de constater que nombre d’entre ceux qui dénoncent le clan contre clan ou, ce qui revient au même, le camp contre camp, et je suis d’accord avec cette idée, ne vont pas jusqu’au bout de l’analyse et se contentent de préconiser en définitive d’en finir avec l’alternance entre deux camps, l’un de droite, dominé par l’UMP et l’autre de gauche, dominé par le PS. Ce faisant, ils en appellent à une autre majorité, centrale celle-là, qui viendrait se substituer aux deux majorités alternatives que nous connaissons aujourd’hui en France entre la gauche et la droite.

Pour d’autres, situés à l’extrême droite, il faut en finir avec l’UMPS. Là, on dénonce purement et simplement, comme disent les partisans de cette thèse, les tenants du système et cela les conduit à rejeter dans un même opprobre tous ceux qui ont alternativement gouverné notre pays depuis le début de la Vème République. Cela s’apparente aux vieilles formules du « Tous pourris » ou du « Sortez les sortants ».

Il est évident qu’un tel positionnement va au-delà de la dénonciation du clan contre clan, car il conduit lui-même à privilégier un autre clan, un clan tenu à l’extérieur du « système » du fait, d’une part, d’une loi électorale qui ne favorise pas le pluralisme et, d’autre part, des positions souvent extrémistes défendues par les tenants de cette thèse.

D’autres encore, à l’extrême gauche ou du côté de certains écologistes que je qualifierai volontiers d’extrémistes, en appellent à un changement radical voire à une véritable révolution.

Ainsi, au delà des apparences et des formules, la plupart  des femmes et hommes politiques ne raisonnent pas de façon radicalement différente. Tous entendent en découdre, selon les cas, avec un camp, avec deux camps ou avec tous les camps autres que le leur, pensant détenir la vérité, leur vérité, celle qui résoudra tous les problèmes de notre pays.

A certains égards, cette aspiration pourrait presque passer pour légitime car en démocratie la loi de l’alternance est un principe de base qui s’exerce par la voie du suffrage universel. L’électeur exerçant son choix au terme d’un légitime débat et d’une juste et préalable confrontation des idées et des projets défendus par les candidats en présence.

Pour autant, si le débat se limite au dénigrement, à la caricature, voire à l’insulte de l’autre ou de tous les autres, un tel débat n’est pas de nature à éclairer le « citoyen électeur ».

Or, force est de constater que le discours politique est souvent trop tranché, excessif et accentue les différences alors que l’art de la nuance et la recherche de consensus forts sur l’essentiel, c’est-à-dire sur ce qui fait l’unité d’un peuple, devraient présider à nos débats et caractériser nos campagnes électorales.

Les institutions de la Vème  République  étant en outre ce qu’elles sont, et même si elles présentent de nombreux avantages, il n’est pas facile de dépasser les clivages, car tout est conçu, pensé et construit pour que se constituent de façon souvent artificielle deux coalitions fondamentalement opposées que l’on désignera sous les noms de majorité et d’opposition.

La recherche d’un pluralisme authentique devrait guider nos pas afin d’éviter les dérives auxquelles nous assistons et que nous venons de dénoncer. Une vraie démocratie appelle plus de pédagogie et le rejet de la démagogie.

 

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP