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14/11/2011

POUR DES CONSENSUS FORTS EN TEMPS DE CRISE

POUR DES CONSENSUS FORTS EN TEMPS DE CRISE

Editorial

Plus que jamais, eu égard aux circonstances présentes et à la gravité de la situation économique, monétaire et sociale, la France et l’Europe ont besoin de plus de consensus.

Le temps des divisions stériles, des anathèmes et des petites phrases assassines, ces avatars de la vie politique si souvent dénoncés dans ces colonnes, n’est certes pas  révolu. La nature de l’homme est ainsi faite que ce dernier ne peut s’abstraire totalement de cet univers où le dérisoire cohabite parfois avec le pathétique.

Pour autant, aujourd’hui, l’intérêt général exige des politiques qu’ils tiennent un discours plus serein, plus responsable et plus respectueux à l’égard des uns et des autres car les temps pressent, et des décisions importantes doivent être prises qui vont engager l’avenir et le destin des peuples dont ils ont la charge.

Dans ces  temps où les démagogues et populistes prospèrent et répandent les ferments de la division et les poisons de la haine, il importe en effet de savoir raison garder et tendre à l’union de tous ceux qui entendent transcender leurs légitimes différences et leurs positions partisanes pour le service du bien commun.

J’écrivais dans Lettre posthume à François Mitterrand en 2005 : « Le camp contre camp a ses limites quand l’intérêt de l’Etat et la société est en jeu.»

En maintes circonstances, j’ai mis l’accent sur le besoin de consensus forts pouvant porter sur ce qui est consubstantiel à notre démocratie. Ainsi, dans Esquisse d’une démocratie nouvelle j’indiquais qu’« il conviendrait de dégager de tels consensus en faisant abstraction des différentes sensibilités politiques et des clivages traditionnels qu’il convient de ne pas nier et qui continueront, en tout état de cause, de perdurer. Nous pensons notamment à tout ce qui touche à l’autorité de l’Etat, aux valeurs essentielles de la République, aux droits de l’homme et à la sécurité de l’Etat comme des personnes.

La recherche de consensus forts et non plus de consensus mous, comme c’est actuellement trop souvent le cas, ne devrait pas être considérée comme une utopie ou un vœu pieux mais apparaître à nos gouvernants comme une nécessité absolue s’ils ne veulent pas voir demain notre démocratie menacée par des forces qui lui sont hostiles et souhaitent en découdre avec elle. »

Dans le même sens, évoquant la crise, j’indiquais le 19 juillet dernier dans un éditorial intitulé « Des voix se font entendre pour sortir de la crise » : « Certes, pour y parvenir, des efforts devront être consentis par les uns et les autres. Une certaine rigueur sera nécessaire mais elle suppose que l’équité l’accompagne et que les efforts imposés aux peuples et aux Etats soient étalés dans le temps et partagés par les établissements financiers afin d’éviter aux uns comme aux autres qu’ils ne périssent guéris. »

C’est la raison pour laquelle je voudrais ici rendre hommage à une tribune publiée dans Le Monde du 12 novembre 2011 de M. Philippe Bas, ancien ministre et secrétaire général de l’Elysée, actuel sénateur UMP de la Manche, tribune intitulée : « 2012 : le temps de l’union nationale ? Unir les Français plutôt que les diviser. ». Dans cette tribune, l'auteur déclare notamment :

« Nous sommes tenus - et pour longtemps - d’appliquer une politique d’austérité.

Elle ne sera supportée par les Français que si nous trouvons le bon point d’équilibre entre effort et justice. Quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle de 2012, un grand nombre de Français seront appelés à faire des sacrifices. Pour être admis alors que la colère gronde, ces sacrifices devront être dosés avec discernement et répartis équitablement.

S’ils étaient excessifs, le pouvoir d’achat s’écroulerait, ce qui pourrait conduire à une récession d’une ampleur rarement connue. Pour que les Français ne se dérobent pas devant l’effort, il faudra restaurer le sentiment de la justice sociale. Seul un large accord républicain permettra de créer un consensus garant de la continuité de cet effort. Pour réussir, le vainqueur de 2012 devra rechercher cet accord en veillant à unir les Français plutôt qu’à les diviser. »*

Loin de tout esprit polémique, j’y vois un discours de vérité et d’authenticité et  c’est à ce titre que j’entendais saluer cette prise de position.

 Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP

* Voir également l’éditorial du 14 novembre 2011 publié sur le site du RCE intitulé : « UN IMPERATF : SAUVER L’EUROPE »

16/10/2011

DES ELECTIONS PRIMAIRES A L'INSTAURATION D'UN TROISIEME TOUR A L'ELECTION PRESIDENTIELLE (suite)

Editorial

Le chef de l’Etat aurait déclaré le 11 octobre 2011 à l’Elysée, selon un participant au petit déjeuner des dirigeants de la majorité, que la Ve République ne peut être l’otage des partis politiques et le candidat [à la présidentielle] pris en otage par son parti.  « Le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours » aurait-il ajouté.

Ceux qui me font l’honneur de me lire savent que ma préférence va vers un scrutin non pas à quatre tours, mais à trois tours.

 Pour autant, et sans vouloir être désobligeant à l’égard du président de la République, il me semble que ce n’est pas tant le principe d’une élection à quatre tours, du fait de l’existence de primaires ouvertes et indépendantes de l’élection présidentielle elle-même, qui pose un  problème au regard des institutions de la Ve République et plus encore de son esprit mais que c’est, en revanche, la pression qui peut être exercée par d’autres partis sur le parti organisateur de la primaire ouverte qui redonne un pouvoir excessif à certains partis, ceux-ci pouvant évidemment  être tentés d’en abuser.

C’est cette pression, ces pressions, car elles peuvent être multiples et en sens opposés, que je dénonce pour ma part dans l’instauration de primaires de ce type. Dès lors, en effet, que ce sont des citoyens-électeurs, qui choisissent le candidat d’un parti, on retire à certains égards au parti organisateur une part de son pouvoir, de ses prérogatives. Sa ligne politique et sa stratégie peuvent dans ce schéma lui être imposées de l’extérieur.

C’est la raison pour laquelle je préconise, en dépit  des réticences et des réserves de certains qui n’y ont tout simplement pas intérêt, l’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle, le premier tour jouant le rôle d’une primaire généralisée ouverte à tous les électeurs et à tous les candidats bénéficiant des parrainages requis, voire présentés par 500.000 ou 1.000.000 de citoyens.

 Cette dernière possibilité ayant pour effet, d’une part, de conforter précisément cette relation entre un homme ou une femme et la Nation et, d’autre part, de relativiser la toute-puissance des partis politiques dont le rôle reconnu par la Constitution se doit néanmoins d’être rappelé, car il est consubstantiel à la démocratie.

Ainsi, aux termes de l’article 6 de la Constitution : « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.

Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second  alinéa de l’article premier dans les conditions déterminées par la loi.

La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation.»

L’instauration d’un troisième tour à l’élection présidentielle répondrait à la fois à l’attente des citoyens qui souhaitent pouvoir jouer un rôle plus grand dans le choix de leur candidat à l’élection suprême dans notre pays et permettrait de trouver un équilibre salutaire pour notre démocratie et l’avenir de nos institutions.

Gérard-David Desrameaux 

Directeur de la Lettre ECP

09/10/2011

DU PRINCIPE DES PRIMAIRES A L'INSTAURATION D'UN TROISIEME TOUR A L'ELECTION PRESIDENTIELLE

 Editorial

Je continue à penser que le recours à ce que d’aucuns appellent les primaires socialistes et d’autres les primaires citoyennes ne constitue pas une avancée démocratique souhaitable comme cela est dit par nombre de commentateurs, analystes, observateurs et acteurs politiques, y compris d’ailleurs par les plus éminents.

Je ne conteste ni la qualité des débats, qui ont été dans l’ensemble d’un bon niveau, ni la qualité des candidats, même si certains d’entre eux ont à l’évidence plus le profil présidentiel que d’autres.

En revanche, je conteste pour un parti politique, porteur d’un projet politique, doté d’un corpus idéologique, héritier d’une histoire, d’une tradition, d’un passé et qui aspire à un avenir prometteur de confier le choix de son candidat à l’élection suprême dans notre pays à un collège électoral extérieur, aux frontières imprécises et à la composition pour le moins incertaine et aléatoire, puisque par définition élastique.

Il y a là une dérive grave pouvant déboucher, le cas échéant, un jour ou l’autre sur des situations difficilement maîtrisables.

J’affirme, au risque de passer pour le défenseur d’un archétype de parti dépassé, que l’instauration de primaires ouvertes par des partis politiques français, c’est-à-dire dans le cadre d’un multipartisme composé de partis fortement imprégnés d’idéologie est un non sens. La France n’est pas les Etats-Unis, pays dans lequel des primaires ouvertes ou fermées se déroulent dans un cadre bipartisan avec des formations moins marquées par l’idéologie que les nôtres.

Il appartient à un parti politique responsable d’instaurer en son sein des procédures susceptibles de faire émerger des talents et de sélectionner ses candidats, et notamment celui à  la fonction suprême du pays, sans s’en remettre à de vagues et hypothétiques sympathisants aux profils mal définis.

J’ajoute que les primaires suscitent un certain nombre d’interrogations :

Quid du secret du vote ? Ce principe est bien à certains égards transgressé qu’on le veuille ou non malgré ce que l’on dit ici ou là.

Quid de la « sondocratie » et du rôle des faiseurs d’opinion ?

Quid de leur effet sur le nombre des candidats ? Contrairement à une idée reçue, elles ne règleront pas le problème de la division des candidats et ne mettront nullement à l’abri du syndrome du 21 avril les candidats des principaux partis.

Quid du déphasage entre le temps des primaires et celui de l’élection présidentielle ?

Choisir un candidat six mois à l’avance, n’est-ce pas prendre le risque d’une déconnexion entre un instant T, l’élection présidentielle, et un instant T-6, la primaire ?

Le candidat ou la candidate choisi(e) à T-6 est-il bien celui que l’on souhaite à l’instant T eu égard à la situation du moment et au contexte dans lequel se déroule l’élection présidentielle ?

Quid de l’hypothèse où un candidat vainqueur à l’issue d’une primaire déconnectée du temps de l’élection présidentielle serait empêché en raison de la survenue postérieurement à cette désignation  de faits ou d ‘évènements imprévisibles, tels ceux par exemple d’un certain 14 mai 2011 ? Faudrait-il, par exemple, reprendre la procédure depuis le début ?

En vérité, je réaffirme et je continuerai à le faire même si la proposition iconoclaste que j’ai déjà formulée à plusieurs reprises n’a pas l’heur de plaire aux politologues et moins encore aux politiques, que seule l’instauration d’un troisième tour  à l’élection présidentielle permettrait d’instaurer une primaire généralisée ouverte à l’ensemble du corps électoral. Cette primaire se ferait lors d’un premier tour ouvert à tous les candidats investis ou non par leur parti et disposant des parrainages nécessaires.

A la différence de ce qui se fait aujourd’hui, les candidats ayant obtenu à l’issue du premier tour, 5% ou 10% des voix auraient le droit de se maintenir et si aucun d’entre eux n’obtenait la majorité absolue des voix, les deux arrivés en tête resteraient seuls en compétition lors d’un troisième tour. Un tel système aurait le double avantage, d’ouvrir davantage le jeu démocratique et d’éviter que ne se reproduise le syndrome du 21 avril 2002 et que ne se perpétue cet appel pathétique au vote utile, vote utile qui tend à restreindre le choix des électeurs et nuit ainsi au pluralisme politique dans notre pays.

Je m’étonne que certains qui, tout en critiquant parfois de façon excessive et selon moi déplacée les institutions de la Ve République, se refusent à les amender en introduisant des règles et mécanismes de nature à rendre la vie politique plus consensuelle.

L’avenir des primaires n’a de sens que si on les généralise par l’institution d’un troisième tour comme il vient d’être dit.

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP

 

  • Se reporter à deux éditoriaux précédents publiés sur ce site :
  • « Primaires : Une fausse bonne idée » (5-12-2010)
  • « Instituer un troisième tour à l’élection présidentielle » (17 avril 2011)