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27/04/2014

METTRE UN TERME A LA LOGIQUE DU CLAN CONTRE CLAN

Editorial

Dans un éditorial du 22 décembre 2013 intitulé « Une nouvelle forme d’instabilité politique », je mettais l’accent sur le fait que la réapparition précisément d’une très grande instabilité politique appellera à terme une réforme en profondeur de nos institutions afin de développer une plus grande culture du consensus et une diminution des affrontements de type clan contre clan qui ont montré leurs limites et nuit à l’image du politique, de la politique et des politiques.

Dans un précédent éditorial, le 29 septembre 2013, intitulé « En finir avec une image négative de la politique » j’indiquais déjà : « Ce dont la France manque le plus aujourd’hui, c’est assurément d’une volonté de rechercher davantage de consensus là où des pratiques et comportements prenant appui sur des mécanismes  désormais inadaptés s’évertuent à perpétuer un climat malsain de camp contre camp et d’affrontements permanents ».

Les récents événements politiques qui se sont produits en France au cours des derniers mois me confortent dans mes convictions : les institutions de la Ve République qui avaient à l’origine pour ambition de rompre avec l’instabilité de la IVe République et y sont à certains égards parvenues, notamment au début de leur mise en œuvre, ne sont plus à même d’assurer une authentique stabilité politique en 2014 en dépit des apparences. Certes, les gouvernements ne sont plus renversés par un vote hostile des députés. La première et dernière motion de censure entraînant un renversement de gouvernement remonte à la nuit du 4 au 5 octobre 1962. Pour autant, l’instabilité se manifeste de bien d’autres façons : inflexions politiques, remises en cause de pans entiers de la législation et de la réglementation à la suite de sondages, manifestations de rue, campagnes de presse diverses, remaniements ministériels, alternances, etc.

J’ai déjà eu l’occasion d’énoncer plusieurs facteurs qui ont contribué à cette nouvelle forme d’instabilité et j’invite les lecteurs à se reporter sur ce site aux éditoriaux cités précédemment.

Les données ont changé. Nous sommes désormais installés dans la démocratie de l’urgence, dans la démocratie de l’instantané, ce phénomène étant facilité par la rapidité avec laquelle circule l’information via les chaînes d’information en continue et les réseaux sociaux.

Aussi, est-il de plus en plus difficile de gouverner comme autrefois dès lors que nous vivons dans un temps de « médiacratie » affirmée.

Sans doute, est-il plus que jamais nécessaire de redonner du sens à la formule « Donner du temps au temps » et ce faisant, de doter notre pays d’une authentique stabilité.

Nous y parviendrons si nous sommes capables de procéder à une refonte de nos institutions autour de quatre axes majeurs :

1-     Modifier nos modes de scrutin afin d’assurer une meilleure représentation de toutes les sensibilités politiques.

2-     Redéfinir le rôle et les fonctions du chef de l’Etat dans une approche plus présidentielle et moins présidentialiste.

3-     Doter le Parlement de pouvoirs accrus sans revenir à un régime d’assemblée.

4-     S’inscrire résolument dans une logique de consensus et d’intérêt général afin de rompre avec la logique actuelle de l’affrontement permanent et du clan contre clan.

Il s’agit donc d’en appeler à une véritable révolution de nos mœurs et de nos comportements politiques. Certains parleront de projet utopique ! Non, il s’agit d’un projet réaliste si nous ne voulons pas demain être victimes des démagogues qui attendent leur heure qu’ils espèrent proche.

 

Gérard-David Desrameaux

07/01/2012

2012, ANNEE ELECTORALE

Editorial

 2012 est une année électorale, certes ! Espérons qu’elle soit également celle du courage et d’une certaine sérénité !

Jamais plus qu’en ce début d’année, il n’est en effet apparu aussi souhaitable que la notion d’intérêt général préside à nos débats et à nos choix politiques.

Force est de constater, hélas, que globalement le début de la  campagne électorale ne se caractérise pas par ce souci premier.

Trop souvent l’anathème, l’invective et les petites phrases assassines semblent être les attitudes préférées de la plupart des femmes et des hommes politiques, si ce n’est de la plupart des candidats et candidates à l’élection présidentielle.

Le clan contre clan a été condamné, à juste titre d’ailleurs, par François Bayrou, et ce, depuis longtemps, puisqu’il défendait déjà ce thème lors de l’élection présidentielle de 2007.

Mais dans le même temps, force est de constater que nombre d’entre ceux qui dénoncent le clan contre clan ou, ce qui revient au même, le camp contre camp, et je suis d’accord avec cette idée, ne vont pas jusqu’au bout de l’analyse et se contentent de préconiser en définitive d’en finir avec l’alternance entre deux camps, l’un de droite, dominé par l’UMP et l’autre de gauche, dominé par le PS. Ce faisant, ils en appellent à une autre majorité, centrale celle-là, qui viendrait se substituer aux deux majorités alternatives que nous connaissons aujourd’hui en France entre la gauche et la droite.

Pour d’autres, situés à l’extrême droite, il faut en finir avec l’UMPS. Là, on dénonce purement et simplement, comme disent les partisans de cette thèse, les tenants du système et cela les conduit à rejeter dans un même opprobre tous ceux qui ont alternativement gouverné notre pays depuis le début de la Vème République. Cela s’apparente aux vieilles formules du « Tous pourris » ou du « Sortez les sortants ».

Il est évident qu’un tel positionnement va au-delà de la dénonciation du clan contre clan, car il conduit lui-même à privilégier un autre clan, un clan tenu à l’extérieur du « système » du fait, d’une part, d’une loi électorale qui ne favorise pas le pluralisme et, d’autre part, des positions souvent extrémistes défendues par les tenants de cette thèse.

D’autres encore, à l’extrême gauche ou du côté de certains écologistes que je qualifierai volontiers d’extrémistes, en appellent à un changement radical voire à une véritable révolution.

Ainsi, au delà des apparences et des formules, la plupart  des femmes et hommes politiques ne raisonnent pas de façon radicalement différente. Tous entendent en découdre, selon les cas, avec un camp, avec deux camps ou avec tous les camps autres que le leur, pensant détenir la vérité, leur vérité, celle qui résoudra tous les problèmes de notre pays.

A certains égards, cette aspiration pourrait presque passer pour légitime car en démocratie la loi de l’alternance est un principe de base qui s’exerce par la voie du suffrage universel. L’électeur exerçant son choix au terme d’un légitime débat et d’une juste et préalable confrontation des idées et des projets défendus par les candidats en présence.

Pour autant, si le débat se limite au dénigrement, à la caricature, voire à l’insulte de l’autre ou de tous les autres, un tel débat n’est pas de nature à éclairer le « citoyen électeur ».

Or, force est de constater que le discours politique est souvent trop tranché, excessif et accentue les différences alors que l’art de la nuance et la recherche de consensus forts sur l’essentiel, c’est-à-dire sur ce qui fait l’unité d’un peuple, devraient présider à nos débats et caractériser nos campagnes électorales.

Les institutions de la Vème  République  étant en outre ce qu’elles sont, et même si elles présentent de nombreux avantages, il n’est pas facile de dépasser les clivages, car tout est conçu, pensé et construit pour que se constituent de façon souvent artificielle deux coalitions fondamentalement opposées que l’on désignera sous les noms de majorité et d’opposition.

La recherche d’un pluralisme authentique devrait guider nos pas afin d’éviter les dérives auxquelles nous assistons et que nous venons de dénoncer. Une vraie démocratie appelle plus de pédagogie et le rejet de la démagogie.

 

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP