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25/01/2022

La vaccination obligatoire contre le coronavirus n'est sans doute pas la panacée

 

Editorial

 

La vaccination obligatoire contre le coronavirus est souvent évoquée. En France, les partisans de celle-ci sont légion et on les rencontre dans nombre de formations politiques. En Autriche, la décision d’une telle obligation a été prise récemment. En Italie, elle pourrait le devenir pour les plus de cinquante ans. Or, celle-ci n’est sans doute pas la panacée. On peut en effet légitimement s’interroger sur le bien-fondé d’une telle obligation même si je m’empresse d’affirmer afin d’éviter toute équivoque que je n’adhère nullement aux thèses « complotistes » développées par certains.

 

Pourquoi, ais-je le sentiment qu’une telle obligation vaccinale n’a pas de sens en l’espèce ?

 

En premier lieu, la protection des libertés fondamentales me paraît primordiale eu égard à l’état actuel des choses et à l’état de nos connaissances.

 

Je sais que nombre de défenseurs des droits et libertés semblent aujourd’hui montrer du doigt ceux qui défendent la primauté de la liberté vaccinale, c'est-à-dire le droit de se faire vacciner ou non.

 

En deuxième lieu, trop d’incertitudes demeurent quant aux capacités qu’ont les vaccins proposés aux peuples du monde.

 

Trop de choses surtout ont été dites ou écrites quant à l’efficacité réelle de ceux-ci ! Nous avons, en effet, tous ou presque retenu un certain nombre d’affirmations du type : « Tous vaccinés, tous protégés ».

 

Dans le même temps, nombre de personnes ont repris en refrain l’argument selon lequel se faire vacciner correspondait à une forme d’altruisme.

 

Nous avons tous, en effet, également entendu des phrases du type de celle-ci : « Si je me fais vacciner, ce n’est pas pour moi, c’est pour protéger l’autre ou les autres».

 

D’autres, plus prosaïquement, plus égoïstement peut-être, plus sincèrement aussi, surtout après la forte intervention du chef de l’Etat du 12 juillet 2021 annonçant l’instauration d’un passe sanitaire, ont reconnu que c’était afin de pouvoir continuer à aller au restaurant, au cinéma, etc.

 

D’autres encore, et j’appartiens à cette catégorie, l’ont fait, parce qu’ils y étaient contraints s’ils voulaient, pour des raisons professionnelles, prendre notamment le TGV ou des transports de longue distance.

 

Contraints et forcés, pour le plus grand nombre, et pour la plupart persuadés qu’ils contribueraient à stopper la vague des contaminations puisqu’ils ont choisi d’avoir recours à un vaccin supposé les protéger à 85%, voire à 90% après deux doses.

 

C’est bien ce qui était dit à l’époque par certains spécialistes aux fins d’inciter les Françaises et Français à sauter le pas.

 

Les pouvoirs publics, la quasi-totalité des médecins intervenant sur les plateaux de télévision et la plupart des médias ont alors parlé d’engouement, terme particulièrement choquant et inadapté.

 

Une fois de plus, beaucoup d’autorités ont du mal à choisir les termes adaptés à la situation et respectueux à l’égard des citoyens.

 

Le 21 novembre 2021, M. Gabriel Attal, porte-parole du Gouvernement, parle d’un  « vaccin redoutablement efficace". Il évoque aussi une « vague fulgurante ».

 

Dans le même temps, le ministre allemand de la santé déclare le 21 ou le  22 novembre :  « Avant la fin de l’hiver, tous les Allemands seront guéris, vaccinés ou morts ».

 

Ces propos, on le constate, sont ainsi particulièrement anxiogènes alors même que l’on vaccine désormais depuis un an.

 

Le 25 novembre, le ministre de la santé, Monsieur Véran, affirme : « Sans la vaccination, nous serions foudroyés ».

 

Le porte-parole du gouvernement déjà cité, affirme le 20 décembre 2021 : « Il est établi que le vaccin est efficace et sûr ».

 

Le 22 décembre 2021, M. Attal rappelle que la situation est critique et parle de « signaux inquiétants ». 

 

Il s’avère en ce début d’année 2022, après environ une année de vaccination effectuée à travers le monde, que l’on peut être contaminés après deux doses de vaccin, et semble-t-il, également après une troisième dose.

 

Il semble également établi selon le Conseil scientifique que « même vaccinés, on peut être contagieux à 50% ».

 

Peu à peu, il apparaît ainsi que le vaccin n’empêche pas la transmission du virus.

 

Certes, des « sachants » s’interrogent. Certains déclarent que les risques de transmission sont réduits de 20%. D’autres, de beaucoup plus.

 

Mais l’unanimité semble désormais être établie sur le fait que les vaccins n’empêchent pas la contagion.

 

Rappelons à cet égard ce que déclarait Madame Sylvie Briand, directrice du département pandémie et épidémie, propos repris par LCI le 8 janvier 2022 : « On sait parfaitement que les vaccins actuels ont très peu d’influence sur la circulation du virus ».

 

Nous sommes tous témoins, que ce soit dans la sphère privée, autour de nous ou dans la sphère publique, y compris parmi les plus hautes personnalités, chef de l’Etat, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, ministres, notamment le ministre de la santé, que l’on peut être vaccinés et « atteints » par le coronavirus.

 

Alors, un certain nombre d’interrogations, là encore, peuvent être légitimement formulées.

 

La distinction entre vaccinés et non vaccinés est-elle aussi judicieuse et la vindicte formulée à l’encontre de ceux qui, pour de bonnes raisons, pour la plupart, n’ont pas eu recours à la vaccination n’est-elle pas excessive ?

 

Ne s’agit-il pas d’une question de degré ?

 

Quelle différence entre un vacciné, qui peut être porteur du virus et le transmettre s’il ne porte pas de masque et un non vacciné qui porterait un masque et respecterait les gestes barrières ?

 

La question mérite d’être posée et relativise, me semble-t-il, le débat sur l’opportunité ou non de montrer du doigt celles et ceux qui, en toute bonne foi, s’interrogent sur le sens de mesures discriminatoires et attentatoires aux libertés fondamentales, aux libertés individuelles.

 

On dit que le vaccin protège bien contre les formes graves. Soit ! Alors, à supposer que cette dernière affirmation s’avère plus exacte que celle précédemment formulée déjà mentionnée plus haut, à savoir : « Tous vaccinés, tous protégés », pourquoi ne pas réserver la vaccination aux seules personnes susceptibles de faire des formes graves en raison de certaines pathologies et non pas seulement ou uniquement en raison de l’âge ?

 

Si le vaccin n’empêche pas ou peu - selon l’avis quasi unanime des médecins – la contamination, l’argument selon lequel il faut absolument rendre obligatoire la vaccination perd tout son sens.

 

En tout état de cause, l’argument de l’obligation vaccinale est difficilement audible.

 

Quel recul avons-nous pour affirmer comme certains le font que la troisième dose permet de renforcer l’immunité et de réduire la contamination alors que nous avons en l’espèce assez peu de recul ?

 

L’OMS n’a-t-elle pas estimé le 22 décembre 2021 qu’on ne règlera pas le problème du coronavirus par des doses à répétition?

 

Si le vaccin n’immunise que pendant un temps très court et n’empêche pas le virus de circuler, ne faut-il pas s’orienter vers la recherche de thérapies efficaces réservées aux personnes atteintes et ce, sur prescription médicale prenant en considération la situation propre de chaque patient ?

 

L’OMS, toujours elle, recommande de lever des interdictions de voyage et le passe vaccinal pour entrer dans les pays (Le Figaro du 22 janvier 2022).

 

Dans ces conditions, comment peut-on défendre l’obligation d’un passe vaccinal pour emprunter des transports aux fins de se rendre d’un point à l’autre du territoire et notamment pour des raisons professionnelles ?

 

Quid de la cohérence de mesures prises à certains égards sans discernement ?

 

Aussi, est-ce pour des raisons empreintes de pragmatisme et au nom de la raison que je pose la question que tout citoyen dans un Etat de droit doit être habilité à poser sans être montré du doigt et voué aux gémonies : quel est le bien-fondé de mesures prises trop souvent dans le secret de conseils de défense ?

 

Ce sont des critères sanitaires liés à l’état de nos hôpitaux et à leur capacité d’accueil depuis des années qui guident désormais les choix de nos politiques sanitaires. Or, nous ne pouvons accepter que la citoyenneté soit la variable d’ajustement de cette situation.

 

Enfin et surtout, n’oublions jamais que toute mesure restrictive de nos libertés  pour être acceptée doit être nécessaire, limitée dans le temps et proportionnée.

 

 

 

Gérard-David Desrameaux

 

La radicalité est en marche

 

Editorial

 

En ce début d’année 2022, on ne peut être que saisi par la montée en puissance de la radicalité tant dans notre pays qu’au plan international.

 

Pour s’en tenir au plan national, je voudrais ici déplorer et condamner avec la plus grande fermeté tout ce qui concourt à la violence et à la haine ainsi qu’au rejet de l’autre, de celui ou de celle qui n’a pas ou n’a plus l’heur de vous plaire.

 

Aux lieu et place d’un débat démocratique et de dialogues sains et constructifs, on a le sentiment d’être confrontés en permanence à des monologues successifs où chaque intervenant assène sa vérité sans véritablement échanger et sans vouloir prendre en considération - fût-ce pour la contester - l’opinion de son interlocuteur, de son contradicteur.

 

Ce ne sont qu’affirmations ex cathedra et jugements péremptoires. Il n’y aurait ainsi qu’une vérité, une seule, sans doute révélée !

 

Oui, la radicalité est en marche. Les Français semblent être divisés entre les bons, les gentils et responsables, d’une part, et les mauvais, les méchants et irresponsables, d’autre part.

 

Un exemple précis corrobore le propos qui précède. Dans le cadre de la grave crise sanitaire qui touche une grande partie de l’humanité et qui n’épargne pas notre pays, il y aurait d’un côté des gens qui auraient le souci de l’autre, qui seraient altruistes, et d’autres qui seraient égoïstes et ne penseraient qu’à eux

 

Il y aurait ceux qui pensent à l’intérêt général et ceux qui ne pensent qu’à leur propre intérêt personnel.

 

Cette présentation des choses est évidemment réductrice et tend d’une part à stigmatiser une partie de la population et à aggraver les divergences au demeurant bien naturelles dans une société démocratique dès lors qu’elles ne sont pas exacerbées à dessein

 

Les injures, menaces, invectives et agressions diverses se multiplient. Chaque jour apporte son lot de violences. Sur les réseaux sociaux se déchaînent trop souvent les passions les plus viles et les plus abjectes sur fond de rumeurs et d’insinuations de toutes sortes.

 

Des élus, toutes sensibilités politiques confondues, font non seulement l’objet d’agressions verbales mais aussi d’agressions physiques portant atteinte à leur intégrité physique et de menaces de mort. Ainsi, une forme d’antiparlementarisme se développe dans un climat de plus en plus délétère.

 

Dans le même temps, quelques irresponsables attisent les brèches de la haine et de l’intolérance alors qu’il conviendrait de calmer le jeu si l’on veut que notre société demeure une société démocratique. Il est vraiment urgent d’éviter que le substrat de la démocratie ne soit remplacé par la radicalité et les extrémismes de tout bord.

Gérard-David Desrameaux

 

20/07/2021

Le sens des mots. Le sens de la mesure

  Editorial

 Le chef de l’Etat a sans doute raison quand il déclare que nous ne sommes pas en dictature. Sans doute encore a-t-il raison quand il dit que les mots ont un sens.

 En effet, nous ne sommes pas en dictature et le chef de l’Etat a une nouvelle fois raison de le rappeler. Nous ne sommes pas sans savoir ce qui différencie une démocratie d’un régime autoritaire et plus encore d’un régime totalitaire.

 En revanche, il est hélas inquiétant d’observer une lente mais inexorable tendance à une restriction des libertés dans notre pays comme dans beaucoup d’autres, au demeurant. Et, ceci est tout à fait inquiétant, cette restriction est non seulement la conséquence de mesures décidées et souvent imposées de façon brutale par des  gouvernants, des femmes et des hommes politiques, toutes tendances confondues,  par certains médias adeptes du sensationnel et de certains « sachants » qui parfois abusent de leur toute puissance médiatique nouvellement acquise  et semblent confondre connaissances et légitimité démocratique. J’aurai l’occasion de revenir sur ce point plus loin mais aussi à la faveur d’autres réflexions que je ne manquerai pas de livrer plus tard.

 Pour l’instant, je souhaite articuler mon propos autour des points suivants : la perte de confiance en la parole publique comme en toute parole, la faiblesse de l’Etat résultant d’un manque de légitimité démocratique,  l’existence de certains médias de masse qui dans bien des cas cessent de véhiculer une information objective pour relayer sans même s’en rendre compte un discours idéologique et partisan, des réseaux sociaux qui colportent dans bien des cas des rumeurs, des insultes, des menaces, même si, là encore, il faut se garder de généraliser et de porter un jugement ex cathedra, enfin d’une sorte d’acceptation, voire parfois d’encouragement d’une part importante de l’opinion publique à aller vers des formes plus autoritaires de pouvoir ou de radicalisation du discours politique pouvant déboucher sur la haine et le rejet de l’autre.

La perte de confiance en la parole publique est patente.

Pour s’en tenir à la seule crise sanitaire résultant de la pandémie à laquelle nous sommes confrontés  quelques propos sont de nature à illustrer cette perte de confiance, sinon à la justifier. Le 24 novembre 2020, le chef de l’Etat déclarait : « Je veux être clair. La vaccination ne sera pas obligatoire.»

Le 4 décembre 2020, il déclarait encore sur le média Brut qu’il était opposé à la vaccination obligatoire. Il indiquait notamment, en effet : « Je ne crois pas à la vaccination obligatoire pour ce vaccin » et ajoutait : « Je crois beaucoup plus au travail de conviction par la transparence qu’à l’obligation »

Le 27 décembre 2020, il indiquait : « Je l’ai dit, je le répète : le vaccin ne sera pas obligatoire. Ayons confiance en nos chercheurs et médecins. Nous sommes le pays des Lumières et de Pasteur, la raison et la science doivent nous guider. »

 Le 29 avril 2021, le président de la République évoquant l’idée d’un « pass sanitaire » précisait qu’il « ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas ou pour aller chez des amis ».

 Le ministre de la santé, quelques jours plus tard, abondait dans le même sens en indiquant, toujours au sujet du « pass sanitaire » que c’était quelque chose qui ne visait pas à exclure ou à contraindre. « Si je ne suis pas vacciné je pourrai toujours me rendre au café ou au cinéma ».

 M. Clément Beaune, secrétaire d’Etat  aux affaires européennes ajoutait le 12 mai 2021 : « Nous n’aurons pas de pass sanitaire au quotidien, pour les cafés ou les restaurants en France » ajoutant : « Ce serait excessif, nous ne voulons pas d’une société à deux vitesses. »

 Le 12 juillet dernier, en raison probablement de la propagation rapide du variant Delta, le chef de l’Etat décide de rendre obligatoire la vaccination pour les soignants, ce qui peut se comprendre  à la limite car comment convaincre nos concitoyens si ceux-là mêmes qui les vaccinent émettent des réserves pour eux-mêmes et font état de leurs doutes ?

 Le même jour, le chef de l’Etat déclare désormais : « En fonction de l’évolution de la situation, nous devrons sans doute nous poser la question de la vaccination obligatoire pour tous les Français mais je fais le choix de la confiance et j’appelle solennellement tous nos concitoyens  non vaccinés à aller se faire vacciner dès aujourd’hui au plus vite »

 Il y a là une évolution sensible de la position du chef de l’Etat et il n’est pas exagéré de dire que le caractère obligatoire de la vaccination est désormais fortement envisagé.

 Il y a ainsi une rupture dans la parole  présidentielle et tous les Français ont pu observer que la pression exercée sur eux était particulièrement forte avec l’instauration d’un « pass sanitaire » susceptible d’être exigé y compris pour des actes de la vie courante alors même qu’il n’avait été envisagé antérieurement que pour accéder à un certain nombre de manifestations ou dans la perspective de vastes rassemblements.

Les Français sont en droit de s’interroger sur le sens des mots et sur le sens de la mesure car un tel revirement traduit soit un réel affolement soit une certaine désinvolture en pleine période estivale laissant peu de temps aux uns et autres pour    se retourner et   prendre les bonnes décisions pour eux et leurs proches.

 J’ajoute, n’en déplaise à une partie de l’opinion, que certaines des  dispositions devant figurer dans un prochain projet de loi  portent une atteinte aux droits et libertés des personnes si elles n’étaient pas corrigées ou retirées. 

Quid du respect de la règle de la proportionnalité et de celui de l’égalité devant la loi ? La diversité des situations doit être appréciée avec  la plus grande rigueur.

La confiance à l’égard de tout pouvoir s’apprécie à l’aune du sens de la mesure et du respect mutuel.

La faiblesse de l’Etat résulte par ailleurs d’un manque de légitimité démocratique

La confiance faisant souvent défaut,  comme il vient d’être dit, en raison de promesses pas toujours tenues ou de discours oubliés, les citoyens se détournent parfois de la chose publique car ils ne croient plus en la parole publique.

Ils adoptent d’autant plus ce comportement que la représentativité des forces politiques comme je l’ai souvent indiqué pose un réel problème dans notre pays. Nombre de nos concitoyens  dès lors s’abstiennent lors des élections laissant ainsi à des minorités agissantes devenues majoritaires  l’espace d’un scrutin le soin de décider pour eux.

Seule une authentique représentation proportionnelle et une révision de nos institutions instituant un véritable régime présidentiel avec un partage du pouvoir et des majorités d’idées* permettra d’améliorer les relations entre l’Etat et les citoyens et évitera l’étiolement de notre démocratie.

Quid du degré d’acceptabilité de la population face à toutes sortes de contraintes imposées par l’Etat et  se trouvant sous  la surveillance de l’Etat ? Quid de l’immixtion de l’Etat dans la vie quotidienne des Français y compris dans leur vie intime ?

Il y a là une dérive vraiment inquiétante même si l’opinion publique semble encore accepter ou tolérer certaines injonctions hier impensables dans le cadre d’une démocratie d’opinion.

Le risque est grand de voir se développer un phénomène d’infantilisation sous l’effet de la peur et du tout sanitaire.

 Il y a un côté inacceptable dans certaines remontrances et leçons faites envers celles et ceux qui expriment des doutes, voire des réticences.

Les abus de langage sont légion de part et d’autre. Les invectives et des propos excessifs sont souvent tenus. On oppose les responsables aux irresponsables, les vieux aux jeunes, ceux qui ont l’esprit civique à ceux qui ne l’ont pas, autrement dit les bons citoyens aux mauvais citoyens.

Des phrases de ce type sont souvent prononcées : « Si on n’arrive pas à raisonner ces gens-là », « Il faut aller chez eux », « s’ils ne peuvent pas se déplacer il faut  aller les piquer ». On a envie de poser la question : comment ?

 Un médecin éminent, professeur,  n’hésite pas à traiter de « criminels »ceux qui contestent les bienfaits du vaccin.

 Tel autre épidémiologiste prône ni plus ni moins la mise à l’écart des gens fragiles qualifiés de vulnérables.

 Cessons de véhiculer un discours de haine à l’encontre de ceux qui ont le droit d’émettre des opinions contraires et discordantes, la liberté d’expression n’est-elle pas encore une des libertés fondamentales reconnues par notre République ?

 Combien de commentateurs et de journalistes militants se permettent  pour certains de tenir des propos sentencieux et définitifs et de prononcer des jugements ex-cathedra et de concourir pour d’autres à rendre plus anxiogène encore un climat qui l’est déjà.

 Il y a lieu de combattre les propos alarmistes et les surenchères excessives de la part de présentateurs et de meneurs de jeu qui s’apparentent à des bateleurs d’estrade et qui contribuent souvent inconsciemment, mais pas toujours, à une forme de soumission de l’opinion.

 Dans le même sens, que penser de ces querelles de « sachants » qui ont contribué  parfois à rendre confus le débat autour de la pandémie ?

Personne ne conteste la gravité de la situation ni le caractère mondial de cette pandémie qui sévit dans de très nombreux pays mais il est regrettable que nombre d’acteurs publics traitent de sujets graves et prennent autant de mesures attentatoires aux libertés fondamentales avec aussi peu d’empathie et de considération pour leurs concitoyens et j’ajouterai avec autant de légèreté comme si les restrictions imposées étaient tout compte fait banales et s’imposaient d’elles-mêmes.

 La philosophe Cynthia Fleury a eu recours à la formule de « biologisation de la vie » pour caractériser ce que nous sommes en train de vivre.

 Dans le même sens,  Bernard Henri Lévy a évoqué  « ce virus qui rend fou ».

 Un journal allemand a qualifié d’Absurdistan la somme des mesures administratives prises pour endiguer le développement de l’épidémie en France.

 Parmi les nombreuses mesures montrées du doigt et incomprises de nos voisins figure notamment cette auto attestation que chaque citoyen devait établir pour justifier ses sorties et cette limitation d’un kilomètre autour de son domicile qu’il se devait de respecter. Cette auto attestation que M. Henri Guaino jugeait pour sa part humiliante à l’instar de beaucoup d’entre nous.

Quid du degré d’acceptabilité de la part de nos concitoyens si une telle obligation contestable quant à son efficacité et douteuse quant à sa constitutionnalité devait de nouveau voir le jour ? Quid, en effet, du respect de la liberté d’aller et  venir ?

En vérité, il conviendrait avant tout d’en appeler au sens des responsabilité de nos concitoyens, d’en appeler à un effort national au lieu de sermonner les Français, de parler de serrer la vis ou de ne pas desserrer la bride comme si nous étions des chevaux ou des êtres indisciplinés et irresponsables.

 Il est indispensable dans le contexte actuel d’avoir recours à des mesures davantage incitatives et moins coercitives, de tenir un discours positif et d’associer davantage les Français à la définition d’une politique offensive contre le virus en veillant à ne pas porter atteinte à leurs libertés fondamentales d’aller et venir au-delà du raisonnable.

En revanche, il y a lieu de proscrire dans la durée tout rassemblement important des personnes en dehors du respect des gestes barrières de base : respect des distances, lavage régulier des mains, aération des lieux clos et port du masque là où il y a consensus des médecins sur l’opportunité de les porter et là seulement.

Fixer des protocoles sérieux permettant de maintenir ouverts dans la durée des lieux longtemps fermés 

 Cesser de faire de chaque citoyen un délinquant potentiel, assigné à résidence.

 Cesser d’inventer de façon indécente des pénalités disproportionnées - au demeurant inapplicables- comme le suggèrent certains élus en mal de notoriété, si ce n’est en mal d’autorité. Un élu n’invoquait-il  pas il y quelque temps une amende de 10.000 euros, d’autres avançant des montants de 50 000, voire de 500 000 euros sanctionnant une personne qui ne respecterait pas l’obligation de rester isolée en cas de positivité.

 Etre vigilant et sanctionner les abus, débordements et comportements particulièrement irresponsables.

 Favoriser, pour ceux qui le désirent, un isolement qui ne soit pas synonyme de sanction ou de mise à l’index de personnes fragilisées ou incapables de s’isoler convenablement.

 Interrogée après la déclaration du président de la République du 12 juillet dernier  sur l’attitude de l’Allemagne, la chancelière Angela Merkel a répondu : « Nous ne sommes pas la France. Nous nous en sortirons par la pédagogie ».

Lors de sa prise de fonctions en mai 1981, François Mitterrand  déclarait : « C’est convaincre qui m’importe et non vaincre».

 Ces attitudes semblaient être celles du chef de l’Etat jusqu’à sa récente intervention. C’est la seule voie possible qui sied à un homme d’Etat qui doit être le garant de l’unité nationale.

  

 Gérard-David Desrameaux

  

 * Gérard-David Desrameaux, Refondons nos institutions, d’une monarchie républicaine à une démocratie républicaine, Paris, Lanore, coll.  « Essais politiques », 2016

  Gérard-David Desrameaux, De l’alternance au partage du pouvoir, Faut-il en finir avec nos modes de scrutin ? Editions Bréal, 2017