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30/01/2011

INFORMATION

 

Nous vous invitons à prendre connaissance du dernier éditorial publié sur le site du Rassemblement Civique pour l’Europe : « La crise belge : un précédent dangereux pour l’avenir de l’Union.

Pour y accéder il suffit de cliquer sur le lien porté en marge de cette page (Rassemblement Civique pour l’Europe » ou aller sur le site : http://rce-europe.hautetfort.com

NE PAS SUCCOMBER AUX DEMONS DE LA DEMAGOGIE

Editorial

Profitant de la crise des structures partisanes traditionnelles, les démagogues refont surface.

Usant de formules percutantes mais inexactes comme celles proférées il y a quelques années : « trois millions d’immigrés, trois millions de chômeurs », par exemple, ils attirent vers eux celles et ceux qui ne prennent pas le soin de vérifier l’authenticité de la relation entre les deux phénomènes.

Les chiffres peuvent être faux, le lien de cause à effet inexistant. Peu importe, la formule, dans toute sa brutalité, répétée autant de fois qu’il le faudra comme un leitmotiv, frappe les esprits et le mal se répand.

Les contre-vérités, les schémas déformés, les raccourcis historiques, les provocations les plus outrancières se suivent et finissent par se banaliser dans un océan d’indifférence dans le meilleur des cas, voire dans un climat de complicité dans le pire.

Le démagogue profite du discrédit de la classe politique pour en « rajouter ». Il attise les braises afin de ranimer la flamme de l’antiparlementarisme. Il grossit le trait du divorce né entre le citoyen et ses représentants et entonne le discours bien connu : « Tous les mêmes, tous pourris ». La critique est facile ; la dénonciation, sans nuance ; le procès sans appel.

Il faut un bouc émissaire : la classe politique est toute désignée. On parlait hier de la « bande des quatre » (RPR, UDF, PS, PC) et aujourd’hui des partis de gouvernement, ce qui équivaut tout simplement à dénoncer les forces politiques traditionnelles de la vie politique française.

On fait semblant d’être différent, d’être pur - en accréditant la thèse que les autres ne le sont pas -, d’être à l’abri de toute critique.

On feint de s’attaquer exclusivement à l’intérêt du peuple, en s’appuyant sur le vieux fond antiparlementaire des Français. On entonne l’hymne du « sortez les sortants ». On se moque du « détail », de la nuance, en un mot de l’analyse.

On fait dans le vulgaire et le simplisme . On globalise, on généralise. On se livre à un véritable matraquage politico-médiatique en usant des arguments les plus polémiques et des attaques les plus basses.

On procède par amalgames. L’injure est toujours sous-jacente. Elle est parfois odieuse, voire criminelle. Cela peut aussi tuer. On procède par jeux de mots faciles, proverbes, calembours ou métaphores. Cela peut faire rire ceux qui ne veulent pas voir ou feignent de ne pas voir ce que dissimulent la plupart du temps ces procédés.

On finit ensuite et toujours par jeter le discrédit sur l’autre, toujours l’autre, celui qui est différent de soi, celui qui n’a pas la même couleur de peau, ne parle pas la même langue, ne croit pas en le même Dieu, n’adhère pas à la même structure mentale et ce que j’écris là s’applique à tous et à toutes sans aucune exception. Le rejet de l’autre n’est pas le fait exclusif d’un groupe, d’un peuple, d’une ethnie. Les uns comme les autres peuvent receler en leur sein  des extrémistes toujours prêts à en découdre comme toutes les religions peuvent à des degrés divers, certes, et pas nécessairement dans les mêmes temps et époques, compter parmi eux des fanatiques et des intégristes qui, se détournant des voies de la raison et du discernement, tentent d’imposer par la force et la violence leurs dogmes et leurs préceptes à ceux qui osent ne pas les partager.

On s’efforce de rendre les autres responsables de ses propres turpitudes, de ses propres faiblesses.

Faute de pouvoir faire des propositions constructives, d’offrir des solutions satisfaisantes pour résoudre les problèmes qui se posent à toute société, on se jette dans une fuite en avant en désignant du doigt l’étranger comme seul et unique auteur de nos maux. C’est tellement plus simple, tellement plus facile, tellement efficace aussi, d’un point de vue strictement électoral ! Mais attention, le démagogue peut aussi être conforté par l’attitude tout aussi irresponsable de ceux qui faisant preuve d’angélisme, de laxisme ou niant l’existence de problèmes liés notamment à des flux migratoires irréguliers préconisent dans un tel contexte des régularisations massives. Ceux qui font preuve d’un tel laxisme ne se contentent d’ailleurs pas de conforter le démagogue : ils sont eux-mêmes des démagogues.

Oui, quand le démagogue réunit les foules, s’empare des consciences et trouve quelque écho dans le peuple, il y a lieu de s’inquiéter et de réagir car il y a immanquablement régression de la démocratie.

Gérard-David Desrameaux

* C’est à dessein que je reprends ici un extrait de mon livre « Esquisse d’une démocratie nouvelle » dès lors que le sujet abordé est toujours d’une brûlante actualité. Il m’arrivera, à l’avenir, le cas échéant, de me référer à de précédents écrits lorsque les thèmes abordés le justifieront..                                                   

 

 

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08/01/2011

IL Y A QUINZE ANS... LE 8 JANVIER 1996

 Editorial

Il y a quinze ans, en janvier 1996, j’écrivais dans « La Lettre Ethique Civisme et Politique » : « De François Mitterrand, on retiendra beaucoup de choses et d’innombrables images resurgiront de notre mémoire collective.

On retiendra d’abord le visionnaire qui a su inscrire son action dans le temps et la durée et qui ne prenait jamais ses décisions de façon impulsive sous le coup de l’émotion.

François Mitterrand était un homme libre qui entendait demeurer libre de ses choix et n’acceptait pas de devoir trancher sous la contrainte.

On retiendra l’homme d’Etat qui au plan international a mené un combat inlassable pour la paix tout en sachant, en revanche, établir la distinction qui s’imposait entre les artisans de la paix dont il était et les pacifistes. (…).

De François Mitterrand, on retiendra l’Européen convaincu qui n’a pas ménagé ses efforts pour rapprocher les peuples de notre continent et plus particulièrement à partir d’une solide coopération entre la France et l’Allemagne.

On retiendra le socialiste de raison qui, partisan du socialisme du possible, a su prôner un retour à l’authenticité du socialisme et redonner vigueur à partir du congrès d’Epinay en 1971 à un parti qui n’était plus que l’ombre de lui-même. Ce faisant, on retiendra qu’il a redonné espoir à la gauche en mobilisant des millions de femmes et d’hommes qui désespéraient de voir un jour le camp du progrès l’emporter.

On retiendra le Président de la République réélu pour la première fois au suffrage universel direct et qui, tout en ayant combattu les institutions de la Ve République et tout en ayant souhaité les réformer en profondeur, a su, par une exacte lecture de la Constitution faire en sorte que par deux fois des cohabitations harmonieuses se déroulent dans un climat relativement apaisé tout en veillant scrupuleusement au respect de ses prérogatives, pas les siennes personnellement, bien entendu, mais de celles qui étaient attachées à l’exercice de ses fonctions.

On retiendra l’homme de culture, l’humaniste, le défenseur inlassable des droits de l’homme qui fit abolir la peine de mort, supprimer les tribunaux d’exception, libérer les ondes…

On retiendra bien d’autres choses de François Mitterrand. L’Histoire le reconnaîtra à l’évidence comme l’un des plus grands politiques de ce siècle qui s’éteint avec lui.

Pour notre part, nous n’oublierons pas l’homme qu’il a été, l’homme courageux face à l’adversité, face à la maladie, face à la mort.

Nous n’oublierons pas combien il a été fidèle en amitié et nous lui resterons au-delà de la mort fidèles afin de ne pas rompre ce lien qui nous unissait à lui, nous qui avons eu l’honneur et le privilège de l’approcher, de le connaître et de participer à ses combats ».

Quinze ans après, je suis dans le même état d’esprit.

Je n’ai rien à retirer à ces quelques lignes.

A l’instar du général de Gaulle, François Mitterrand est entré dans l’Histoire. Il est un exemple, un modèle, voire une référence comme vient de l’indiquer à juste titre aujourd’hui même à Jarnac, le président de l’Institut François Mitterrand, Hubert Védrine.

D’un point de vue éthique j’ai envie d’ajouter que nul ne saurait s’approprier à titre exclusif la pensée d’un homme d’Etat dont la complexité et la richesse ne sont plus à démontrer. François Mitterrand n’est ni l’homme d’un clan, ni même celui d’un parti. Il appartient désormais à l’Histoire.

Gérard-David Desrameaux

Directeur de la Lettre ECP