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30/01/2011

NE PAS SUCCOMBER AUX DEMONS DE LA DEMAGOGIE

Editorial

Profitant de la crise des structures partisanes traditionnelles, les démagogues refont surface.

Usant de formules percutantes mais inexactes comme celles proférées il y a quelques années : « trois millions d’immigrés, trois millions de chômeurs », par exemple, ils attirent vers eux celles et ceux qui ne prennent pas le soin de vérifier l’authenticité de la relation entre les deux phénomènes.

Les chiffres peuvent être faux, le lien de cause à effet inexistant. Peu importe, la formule, dans toute sa brutalité, répétée autant de fois qu’il le faudra comme un leitmotiv, frappe les esprits et le mal se répand.

Les contre-vérités, les schémas déformés, les raccourcis historiques, les provocations les plus outrancières se suivent et finissent par se banaliser dans un océan d’indifférence dans le meilleur des cas, voire dans un climat de complicité dans le pire.

Le démagogue profite du discrédit de la classe politique pour en « rajouter ». Il attise les braises afin de ranimer la flamme de l’antiparlementarisme. Il grossit le trait du divorce né entre le citoyen et ses représentants et entonne le discours bien connu : « Tous les mêmes, tous pourris ». La critique est facile ; la dénonciation, sans nuance ; le procès sans appel.

Il faut un bouc émissaire : la classe politique est toute désignée. On parlait hier de la « bande des quatre » (RPR, UDF, PS, PC) et aujourd’hui des partis de gouvernement, ce qui équivaut tout simplement à dénoncer les forces politiques traditionnelles de la vie politique française.

On fait semblant d’être différent, d’être pur - en accréditant la thèse que les autres ne le sont pas -, d’être à l’abri de toute critique.

On feint de s’attaquer exclusivement à l’intérêt du peuple, en s’appuyant sur le vieux fond antiparlementaire des Français. On entonne l’hymne du « sortez les sortants ». On se moque du « détail », de la nuance, en un mot de l’analyse.

On fait dans le vulgaire et le simplisme . On globalise, on généralise. On se livre à un véritable matraquage politico-médiatique en usant des arguments les plus polémiques et des attaques les plus basses.

On procède par amalgames. L’injure est toujours sous-jacente. Elle est parfois odieuse, voire criminelle. Cela peut aussi tuer. On procède par jeux de mots faciles, proverbes, calembours ou métaphores. Cela peut faire rire ceux qui ne veulent pas voir ou feignent de ne pas voir ce que dissimulent la plupart du temps ces procédés.

On finit ensuite et toujours par jeter le discrédit sur l’autre, toujours l’autre, celui qui est différent de soi, celui qui n’a pas la même couleur de peau, ne parle pas la même langue, ne croit pas en le même Dieu, n’adhère pas à la même structure mentale et ce que j’écris là s’applique à tous et à toutes sans aucune exception. Le rejet de l’autre n’est pas le fait exclusif d’un groupe, d’un peuple, d’une ethnie. Les uns comme les autres peuvent receler en leur sein  des extrémistes toujours prêts à en découdre comme toutes les religions peuvent à des degrés divers, certes, et pas nécessairement dans les mêmes temps et époques, compter parmi eux des fanatiques et des intégristes qui, se détournant des voies de la raison et du discernement, tentent d’imposer par la force et la violence leurs dogmes et leurs préceptes à ceux qui osent ne pas les partager.

On s’efforce de rendre les autres responsables de ses propres turpitudes, de ses propres faiblesses.

Faute de pouvoir faire des propositions constructives, d’offrir des solutions satisfaisantes pour résoudre les problèmes qui se posent à toute société, on se jette dans une fuite en avant en désignant du doigt l’étranger comme seul et unique auteur de nos maux. C’est tellement plus simple, tellement plus facile, tellement efficace aussi, d’un point de vue strictement électoral ! Mais attention, le démagogue peut aussi être conforté par l’attitude tout aussi irresponsable de ceux qui faisant preuve d’angélisme, de laxisme ou niant l’existence de problèmes liés notamment à des flux migratoires irréguliers préconisent dans un tel contexte des régularisations massives. Ceux qui font preuve d’un tel laxisme ne se contentent d’ailleurs pas de conforter le démagogue : ils sont eux-mêmes des démagogues.

Oui, quand le démagogue réunit les foules, s’empare des consciences et trouve quelque écho dans le peuple, il y a lieu de s’inquiéter et de réagir car il y a immanquablement régression de la démocratie.

Gérard-David Desrameaux

* C’est à dessein que je reprends ici un extrait de mon livre « Esquisse d’une démocratie nouvelle » dès lors que le sujet abordé est toujours d’une brûlante actualité. Il m’arrivera, à l’avenir, le cas échéant, de me référer à de précédents écrits lorsque les thèmes abordés le justifieront..                                                   

 

 

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