Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/09/2020

Face à la pandémie, en appeler d'abord au sens des responsabilités des uns et des autres

 

La grave crise sanitaire et sociale à laquelle le monde est aujourd’hui confronté appelle bien des commentaires et suscite maintes interrogations face aux multiples déclarations et affirmations souvent contradictoires de gouvernants, de politiques, de spécialistes et de commentateurs.

Bien des certitudes d’hier sont devenues des incertitudes et vice-versa.

Depuis des mois, pour s’en tenir à la période la plus récente et à ladite crise, les femmes et hommes de France, d’Europe et du monde ont entendu toutes sortes d’affirmations successives, vérités d’un jour, contre vérités le lendemain.

Ainsi, sans se livrer à une liste exhaustive,* il est permis d’en citer quelques unes : « L’épidémie est sous contrôle », «  Il y a peu de chance [ne vaut-il pas mieux dire plus de risque] que nous soyons concernés », « Le port du masque n’est pas utile. », « Il ne protège pas. » « Il faut tester, tracer, isoler. »,

Oui, mais de quels tests s’agit-il ? D’éminents spécialistes ont parfois mis l’accent sur la relative fiabilité de certains tests faisant valoir que certains d’entre eux ne le seraient que dans 80% des cas, d’autres parlant de 60%.

D’autres encore affirment que les tests ne sont valables qu’à un instant T mais que le lendemain ou le surlendemain alors que l’on a été identifié négatif on peut être positif.

Quid, dès lors, de l’affirmation selon laquelle, il faut tester, tracer, isoler ? Ne faudrait-il pas dans ces conditions demander aux uns et aux autres de se faire tester tous les deux ou trois jours ? A-t-on pris réellement conscience de la valeur toute relative de cette recommandation et de son impact réel sur la limitation de la pandémie si ce n’est à des fins purement statistiques ?  

Au début de la crise, les tests sont insuffisamment effectués, faute d’en disposer du nombre nécessaire. Puis, on assiste progressivement à une montée en puissance.

Après le « déconfinement » du 11 mai, le ministre de la santé laisse entendre que l’on sera en mesure de procéder à 750 000 tests par semaine.

Dans les faits, on apprendra que le nombre hebdomadaire est loin d’atteindre ce seuil et au début du mois de juillet on admettra que le nombre de tests disponibles permet d’atteindre ce seuil mais que l’on manque de bras, de techniciens, de personnes pour pratiquer les divers tests.

A la fin du mois d’août, le ministre de la santé publique annoncera que l’on a dépassé les 900 000 tests par semaine et que l’on atteindra bientôt le chiffre de 1.000. 000. Autour du 15 septembre, le nombre de tests effectués dépasse le seuil de 1.200.000. Mais, dans le même temps, on apprend qu’il est très difficile d’obtenir un rendez-vous pour qu’il soit procédé à un test et qu’il faut souvent patienter plusieurs jours pour en connaître le résultat.

Dans ces conditions, il est permis de s’interroger sur le bien-fondé d’un tel dépistage quand on sait que tout réside dans la rapidité d’intervention si l’on veut tracer puis isoler afin de rompre la chaîne de contamination.

Là encore, il est légitime de s’interroger !

Dans le même sens,   et sans s’attarder sur la polémique au sujet de la non utilité de porter un masque au début de la pandémie, polémique qui a altéré durablement la confiance de nos compatriotes sur la parole gouvernementale, on peut encore s’interroger sur l’obligation désormais faite de porter un masque dans tout espace ouvert.

Cette obligation de porter un masque est en effet imposée sans discernement contre l’avis même des plus grands spécialistes de santé publique qui contestent l’efficacité d’une telle mesure dans un espace ouvert en l’absence d’une concentration humaine. Il ne faut pas s’étonner que s’élèvent désormais un certain nombre de réserves quant à l’édiction de mesures qui ne paraissent pas toujours pertinentes et justifiées.

 

Dans une tribune signée par 35 médecins dont le professeur Toubiana il est souhaité la fin d’une communication anxiogène.

Dans le même temps, on entend dans les coulisses du pouvoir que le Premier ministre va rappeler à l’ordre les Français. Selon un commentateur, ce rappel à l’ordre devrait notamment intervenir dans la sphère privée.

La formule utilisée n’est pas anodine. Les Français ne sont pas des enfants. Ils ne sont pas davantage des sujets. Il y a là une dérive inquiétante.

Récemment, à l’occasion récente de l’augmentation importante des cas dits positifs, les autorités ont parlé de « la nécessité d’un tour de vis » et qu’il était temps de « siffler la fin de la récréation » .

Il y a un risque évident de voir à terme s’effondrer le niveau exceptionnel du degré d’acceptabilité de la part de nos concitoyens au regard de mesures, qui, n’en déplaisent à certains,, sont attentatoires aux libertés fondamentales.

La responsabilité suppose une information claire et précise et l’affirmation d’une ligne tout aussi claire et lisible.

.

Mes deux derniers éditoriaux publiés sur ce site s’intitulaient : « Savoir faire preuve de discernent » et « Sortir d’un climat à la fois délétère et anxiogène ».

L’un et l’autre traitaient notamment de la réforme des retraites.

Ces titres pourraient s’appliquer à ce papier.

Depuis, nous savons ce qu’il est advenu de ce projet qui à force d’allers et retours permanents était devenu totalement illisible et incompréhensible, y compris pour ceux qui se trouvaient être à son origine.

Toute action politique implique un minimum de cohérence dans la durée et dans l’exécution. Il en est de même en période de crise.

Aujourd’hui, confrontés à une crise sanitaire majeure qui touche un nombre considérable de nations à travers le monde, nous sommes en droit d’attendre de la part, non seulement de nos dirigeants mais aussi de la communauté scientifique, qu’ils informent non pas en infantilisant mais en appelant à la responsabilité de tous et de chacun.

De la part de ceux qui gouvernent, nous attendons d’eux qu’ils prennent des décisions dûment motivées et permettent aux autorités locales d’adapter ces mesures eu égard à telle ou telle spécificité locale sous le contrôle du juge administratif, afin de respecter, à travers les mesures prises, en fonction du degré de gravité des risques encourus, le principe de proportionnalité.

En d’autres termes, il y a lieu d’en appeler davantage à la responsabilité et au civisme et de mettre un terme à une fâcheuse tendance à une infantilisation qui n’a pas lieu d’être dans un Etat de droit.

Gérard-David Desrameaux

 

* J’aurai l’occasion d’y revenir et de compléter cette liste dans les prochains jours et dans les prochaines semaines à la faveur de nouveaux papiers consacrés à cette pandémie.

28/04/2015

Le "ministérialisme", cette maladie infantile

Editorial

Le « ministérialisme », dans sa forme moderne, cette maladie infantile de ceux qui concourent au discrédit de la politique se répand à une vitesse incroyable dans notre pays.

« Faut-il ou non entrer au gouvernement ? » Telle paraît être la question « existentielle » que semblent se poser quelques élus qui ne représentent souvent qu’eux-mêmes.

Ces élus – ils se reconnaîtront aisément – jouent un jeu particulièrement dangereux. Ont-ils conscience qu’ils donnent de la politique la pire image qui soit, celle d’une comédie qui pourrait évoluer vers une mauvaise farce avant de sombrer dans une tragédie ?

Il est évident que la pression exercée par certains, impliquant une inflexion de la politique, conduirait à donner l’impression, si elle était suivie d’effet, de revenir aux méthodes et comportements les plus décriés à juste titre de feu la IVe République.

Ce n’est pas ainsi que l’on réconciliera les Français avec la politique à un moment où celle-ci est dénoncée, au demeurant plus que de raison.

Les petites luttes intestines, les débauchages individuels de quelques seconds couteaux en mal de notoriété, les jeux stériles d’appareils souvent déconnectés du monde réel et au sein desquels les règles élémentaires de la démocratie prônées à l’extérieur sont souvent méconnues, donnent de la politique une représentation politicienne qui nuit à l’essence même du politique.

Oui, assurément, le  « ministérialisme » dans son acception contemporaine est bien un danger pour la démocratie, un cancer pour la politique.

Gérard-David Desrameaux

15/03/2015

Le temps presse : instaurons la R.P.

Editorial          

Dans ses vœux aux Français pour 2015, François Bayrou déclarait : « Je crois que la France peut s’en sortir, peut se reconstruire. Il faut seulement qu’elle réponde à trois exigences : un devoir de lucidité, un devoir de courage, « une démocratie nouvelle », avant de plaider pour une « organisation de notre vie publique nationale qui permette qu’un jour puissent travailler ensemble ceux qui partagent une vision constructive de l’avenir, et que nous ne soyons plus soumis à la fatalité de l’affrontement vain de deux camps, qui d’ailleurs, n’existent plus ».

Il faut à cet égard rendre un hommage appuyé à la constance de François Bayrou qui depuis des années déjà combat l’idée d’une France coupée en deux, d’une France à l’intérieur de laquelle deux clans seraient irrémédiablement et inéluctablement appelés à s’entre-déchirer et à s’opposer.

Pour avoir publié un livre en 2007 qui s’intitulait Esquisse d’une démocratie nouvelle et pour avoir dit et écrit depuis des années qu’il fallait privilégier le pluralisme et donc instaurer la représentation proportionnelle, et non pas simplement instiller une dose de proportionnelle, afin de permettre une juste et équitable représentation de tous les courants de pensée au sein du Parlement, je ne puis que saluer positivement la position développée par François Bayrou dans le Journal du Dimanche daté du 15 février 2015 ainsi qu’au Grand Jury RTL, LCI, Le Figaro du 8 mars dernier.

En effet, ce faisant, par ses déclarations récentes, l’ancien candidat à la présidence de la République, François Bayrou, semble désormais se faire l’avocat d’une représentation proportionnelle intégrale et non plus seulement d’une simple dose de proportionnelle, ce qui constitue un acte fort de notre vie politique que bien peu de commentateurs, analystes et politologues ont daigné mettre en exergue, car ils n’osent  pas s’éloigner des sentiers battus et d’une certaine orthodoxie doctrinale et… électorale.

J’ajoute que François Bayrou a cent fois raison quand il dit en substance qu’il faut combattre les causes qui favorisent la poussée des forces extrémistes dans notre pays et rappelle que notre système politique et notre système de gouvernement sont désormais inadaptés avant d’ajouter que la représentation proportionnelle est le seul système qui permet d’avoir recours à des majorités d’idées ou de projets.

Ce constat et ces affirmations ne peuvent et ne doivent demeurer sans lendemain. L’analyse est bonne. Les paroles sont justes. Il faut que des actes significatifs interviennent car notre système politique, eu égard au contexte et à la nécessité impérieuse de mettre un terme au camp contre camp, dès lors que cette opposition manichéenne et brutale ne correspond plus au paysage politique français, doit s’adapter et faire sa mue.

Le temps presse. L’échéance de 2017 se rapproche et avec elle la nécessité de changer fondamentalement les règles du jeu afin que le pluralisme permette à la démocratie et à la République de s’épanouir en France.

Qui, mieux que François Bayrou qui a été privé de l’existence d’un groupe parlementaire important en 2007 après avoir enregistré un certain succès, sinon un succès certain, lors de l’élection présidentielle de la même année, ayant été victime d’un mode de scrutin inadapté, pourrait aujourd’hui se faire le héraut de l’instauration de la représentation proportionnelle ?

Il est urgent d’agir. Nous sommes à deux années des futures élections nationales Or, rien ne sera possible dans l’année qui précèdera ces deux échéances majeures pour améliorer le fonctionnement  de notre démocratie, tant au plan des institutions en général qu’au plan  électoral.

Puisse l’ancien candidat à l’élection présidentielle lancer un appel solennel pour impulser la dynamique nécessaire et prendre les initiatives qui s’imposent. Toutes celles et tous ceux qui sont partisans d’une telle réforme devraient relayer cette démarche, toute sensibilité politique confondue, car il s’agit d’une œuvre de salut public, d’une œuvre d’intérêt général.

 Gérard-David Desrameaux