Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/11/2010

REDONNER CONFIANCE EN LA POLITIQUE

 

J’ai toujours dit, écrit et pensé que le désintérêt pour les forces politiques traditionnelles tenait au fait que celles-ci étaient incapables de proposer aux électeurs un projet politique suffisamment attractif, en d’autres termes un grand dessein, en l’absence duquel un peuple ne saurait vibrer au tréfonds de sa conscience.

Aujourd’hui il est temps d’inverser la donne en redonnant aux femmes et aux hommes de France des raisons de se battre pour et autour de valeurs dignes de ce nom et en leur redonnant confiance en la politique.

Je le dis ici, sans ambages, cela ne se fera pas sans l’existence d’une force d’essence profondément démocratique et républicaine occupant une position  centrale sur l’échiquier politique, car la France a besoin d’être gouvernée au centre, point d’équilibre de la vie politique française.

Rien n’est désormais plus urgent, en effet, que de redonner du sens à la politique. Pour y parvenir, il faut éviter les chimères, l’esprit de système, combattre le sectarisme, le dogmatisme et la pensée stérile. Il faut en finir avec les discours creux et démagogiques, les sempiternels dénigrements de « ceux du camp d’en face », les critiques de tous ceux qui n’ont de cesse de se moquer ou d’ironiser sur le mode polémique sur les projets de l’adversaire, les caricatures permanentes de ce qui est fait par ceux qui n’ont pas l’heur de vous plaire ou ne partagent pas votre position.

Il faut en finir avec ces petites phrases assassines, déjà dénoncées plus haut, souvent dominicales, sollicitées plus que de raison par des journalistes en mal de sensation et des acteurs politiques en mal de reconnaissance.

Seule l’existence d’une force pleinement démocratique, tant dans son discours externe que dans son discours interne permettra au Parlement de redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, à savoir le lieu de dialogue par excellence, alors que trop souvent la volonté hégémonique du camp majoritaire du moment rend illusoire toute velléité de débat authentique faisant de la rue le lieu privilégié du débat, mais d’un débat nécessairement plus violent et stérile, conduisant parfois à des impasses et au blocage de la société.

Une telle force permettra d’éviter les extrémismes et les dérives en mettant un terme au « tout est blanc ici, tout est noir là ». Oui, il est temps de laisser au bord de la route le manichéisme qui voudrait, en effet, que les uns soient nécessairement bons et les autres mauvais.

Pourquoi toujours défaire ce qui a été fait, détruire ce qui a été construit et remettre en cause de façon systématique ce qui a pu être entrepris par la précédente majorité ? Pourquoi toujours ajouter des lois et des règlements à d’autres lois et règlements dans le seul but d’imprimer « sa marque » ou par souci d’affichage, sans vraiment chercher à améliorer et perfectionner un texte dans l’intérêt de tous ?

Il convient dans le contexte actuel de tenir fermement le gouvernail, ce qui implique que l’on ne mette pas toujours la barre à bâbord ou à tribord. Il faut, en effet, avoir le souci de garder le cap. Ceci suppose des inflexions, des ajustements mais sûrement pas de trop forts écarts, sinon les récifs et les écueils ont vite fait de mettre à mal l’embarcation engagée sur une mer non apaisée.

Une force centrale d’inspiration profondément démocrate permettra également d’éviter que la gauche comme la droite modérée soient l’une comme l’autre otages de forces extrémistes, car celles-ci, qu’elles soient de gauche ou de droite ne peuvent que faire échouer toute politique crédible et ruiner les chances de succès de tout projet politique sérieux.

 Une telle force existe désormais et doit continuer à exister de façon autonome car elle constitue un réel courant de pensée qui ne saurait en rien être confondu avec d’autres forces politiques, sauf à vouloir étouffer la sensibilité politique humaniste et sociale qu’il entend incarner *.

Pour autant, cette force doit être renforcée et ses idées mieux connues des Français afin que les citoyens de demain sachent faire la différence et opter en toute connaissance de cause pour un projet de société répondant davantage à leur attente et ce, nonobstant l’existence d’un mode de scrutin qui ne favorise pas l’émergence de forces politiques nouvelles.

Cette force centrale doit être européenne, sociale et défendre le pluralisme en ayant pour priorité essentielle de mettre la politique au service de l’homme et de donner le jour à une société reposant sur une  éthique de responsabilité comme il a été dit précédemment.

Gouverner, c’est dire haut et fort ce que l’on croit bon pour le pays, c’est-à-dire pour l’Etat et les citoyens ainsi que pour tous ses hôtes qui séjournent sur son territoire de façon régulière.

Gouverner, c’est anticiper l’avenir, c’est prévoir le futur comme il a été dit. Gouverner, c’est choisir comme l’a écrit Pierre Mendès-France. C’est proposer les solutions qu’il convient et c’est surtout désormais ne jamais perdre de vue que le seul intérêt national ne peut à lui seul servir de ciment à une nation.

Au vingt et unième siècle, le monde est un tout, dans sa diversité, certes, dans sa complexité, assurément, mais il n’est pas possible de faire abstraction de cette évidence : l’humanité n’est assurée d’un avenir digne de ce nom que si les nations nanties sont solidaires de celles qui peinent et souffrent.

La mondialisation n’a pas à être condamnée en tant que telle. Elle existe. Il faut simplement accompagner le phénomène, réguler et accompagner le mouvement par des plans de co-développement et combattre plus efficacement à l’échelle planétaire tout ce qui entraîne dysfonctionnements, abus et exploitations et faire une guerre implacable aux réseaux mafieux et aux agissements frauduleux, voire criminels de ceux pour qui seul le profit est digne d’intérêt.

Ce combat-là doit être mené par tous les démocrates car le combat pour la démocratie ne connaît pas de frontières.

Il est, on le constate, urgent de s’engager avec détermination sur le terrain du débat d’idées et non plus sur celui des seules luttes de personnes dans la perspective des futures échéances électorales.

Nous devons, notamment, avoir le souci de mettre en évidence les résistances à toute velléité de changement véritable en affirmant une volonté inébranlable de contourner ces résistances, en énonçant  des propositions concrètes, en défrichant des voies nouvelles pour les générations qui suivent, en alliant le pragmatisme, le réalisme et la part de rêve indispensable à toute adhésion à un projet collectif et en ayant enfin toujours le souci de privilégier l’intérêt général sur les intérêts particuliers.

Face à l’extraordinaire complexité des choses, face aux défis auxquels l’homme est confronté quotidiennement, comment la société tout entière pourrait ne pas se sentir interpellée ?

Comment ne pas faire preuve d’une certaine humilité et d’une certaine modestie quand on a pris conscience de notre relative impuissance face aux limites de la science et de la multitude des problèmes qu’il nous faut appréhender tout en sachant que tout ce que nous pouvons encore apprendre et découvrir sur le sens, le comment et le pourquoi de nos existences et du monde avant la disparition de notre espèce est quantité négligeable au regard de tout ce qu’il nous sera à jamais possible de connaître !

La démocratie nouvelle, la démocratie qu’il convient de développer se doit d’être authentiquement au service de l’intérêt général et fondée sur un strict équilibre des pouvoirs. Elle ne saurait être, sans se renier, la démocratie d’un clan, d’un groupe, d’une ethnie, d’une communauté, d’une classe au sens marxiste du terme. Elle ne peut être au service d’intérêts particuliers et servir les appétits de quelques ambitieux, démagogues et populistes.

Jean-Jacques Rousseau ne concevait la démocratie parfaite que chez un peuple de dieux. Cet idéal relève donc, on le comprendra aisément, dans une large mesure, du domaine de l’utopie. La démocratie est toujours en devenir. Elle ne saurait être figée et inerte. Elle ne peut s’épanouir que sous l’action constante de forces qui tendent à la rendre chaque jour plus réelle car chaque jour, d’autres forces, sous l’effet de facteurs multiples, viennent combattre l’idée même de démocratie et tentent d’attenter à son existence.

Il en va de la démocratie comme de la liberté. Elle n’est jamais acquise et suppose un combat sans relâche sous peine de la voir dépérir puis périr.

Le terme même de démocratie peut recouvrir des notions fort différentes et la démocratie a donné lieu à nombre de définitions et ses modèles sont légion. Sans vouloir ici dresser quelque liste exhaustive, rappelons que l’on a associé au mot démocratie bien des épithètes : sociale, libérale, politique, marxiste, populaire, directe, représentative, pluraliste.

Mais au-delà des définitions nécessairement différentes selon les qualificatifs retenus et les modèles proposés, la démocratie traduit toujours une volonté plus ou moins affirmée, plus ou moins sous-jacente, d’un pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.

La démocratie nouvelle n’échappe pas à cette règle. Mais pour assurer son succès elle suppose que l’être atteigne un haut degré de conscience. La tâche est difficile mais pas impossible. Le temps donnera raison à l’espoir et à l’attente.

 

*

Depuis que ces lignes ont été écrites, trois ans ont passé.

Certains espoirs ont été déçus, même si le constat et l’analyse demeurent d’une étonnante actualité. Des erreurs portant sur la stratégie, des petites phrases assassines, des ambitions personnelles, des soucis carriéristes, des manœuvres et des comportements irresponsables n’ont pas permis en effet de répondre à toutes les attentes.

Je ne dis pas que tout est à faire mais il reste beaucoup à faire, sans doute le plus difficile au demeurant.

En premier lieu les objectifs souhaités ne pourront être atteints sans un changement de comportement, précisément de nature éthique, la nature humaine étant ce qu’elle est.

En deuxième lieu, en l’absence d’une modification du mode de scrutin permettant au pluralisme de s’épanouir pleinement dans notre pays, il serait illusoire de croire  qu’une force politique  centrale et indépendante puisse se développer durablement car à l’approche de chaque scrutin des élus ou des candidats seront tentés, en vue de bénéficier de reports de voix au second tour, de se mettre sous la houlette de l’une ou l’autre des deux coalitions en présence, désertant ainsi leur camp.

A travers la Lettre Ethique Civisme et Politique nous contribuerons à alimenter le débat en formulant  des propositions et en faisant part de nos réflexions  afin que, surmontant les obstacles décrits précédemment, il soit possible de développer le pluralisme dans notre pays dans le plus strict respect des valeurs  de la démocratie et des principes républicains.

 

Gérard-David Desrameaux

Directeur le la Lettre ECP

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.